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Les CAF au temps du confinement: retour sur une rencontre virtuelle mobilisatrice

La 34e édition de l’Intercaf, coorganisée par le CCDMD (Centre collégial de développement de matériel didactique) et le RUSAF (Réseau universitaire des services d’aide en français), devait se tenir le 28 mai dernier, au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke. Or, le printemps tumultueux que nous avons connu a non seulement forcé la suspension de cette rencontre annuelle des responsables de centres d’aide en français (CAF), mais a par ailleurs considérablement bouleversé le mode de fonctionnement des CAF. Paradoxalement, le besoin d’échanger sur les défis posés par la réorganisation de leurs activités ne s’est peut-être jamais fait sentir de manière aussi pressante! D’autant plus que la prochaine année scolaire exigera forcément de nouvelles adaptations au contexte de l’aide à distance. À la demande des responsables des CAF du collège Lionel-Groulx et du cégep de la Gaspésie et des Îles, le CCDMD a donc mené une consultation au sein du réseau des centres d’aide afin de connaitre les préoccupations de ses membres, puis a présidé à l’organisation d’une rencontre virtuelle, tenue le 28 mai, dans le but de favoriser la mise en commun des bonnes idées en prévision de la rentrée. Après plusieurs semaines vécues généralement sous le signe de l’isolement, les responsables de CAF ont pris plaisir à renouer (même à distance) avec cette force collective qui a toujours animé leur communauté : un désir d’émulation stimulé par le dialogue et l’échange de pratiques innovantes. Voici les faits saillants de ces échanges virtuels… aux retombées bien réelles!

La collecte d’informations menée auprès des responsables des centres d’aide en français s’est déroulée du 8 au 15 mai 2020 et prenait la forme d’un questionnaire en ligne acheminé à toutes les personnes inscrites au bottin des CAF du CCDMD. Cette opération visait à dresser un portrait des moyens mis en œuvre par les centres d’aide afin de poursuivre leur mission dans le contexte des premiers mois de la pandémie, mais surtout, à recueillir les préoccupations associées à la planification de la rentrée 2020-2021. Les informations collectées ont ainsi permis d’orienter les discussions tenues lors de la rencontre virtuelle du 28 mai. Les participants et participantes avaient d’ailleurs préalablement reçu le document de travail[1] compilant les réponses obtenues. Puisque le présent article a comme principal objectif de rendre compte des discussions tenues autour des enjeux de planification de la prochaine session, nous ne détaillerons pas ici les résultats de la collecte d’informations. Il demeure toutefois pertinent, en guise d’état des lieux, de formuler quelques observations générales à partir des réponses obtenues lors de cette consultation, laquelle a permis de rejoindre pas moins de 44 établissements (dont quatre du réseau universitaire).

Quelques constats préliminaires issus de la consultation

Un premier fait notable à souligner est qu’une grande majorité des établissements répondants ont affirmé avoir maintenu des services au CAF après le 13 mars 2020, soit après la fermeture des cégeps et des universités décrétée par le gouvernement du Québec (voir la figure 1). Ce premier coup de sonde ne permet évidemment pas de préciser la durée de l’interruption – fort probable – des services au cours de cette période ni, le cas échéant, l’étendue de la reprise des activités une fois les services à distance mis en place. Cette vue d’ensemble doit également tenir compte du fait que certains centres offraient déjà des services d’aide à distance et que, par conséquent, ces activités ont pu se poursuivre évidemment avec beaucoup plus de facilité que celles organisées en présentiel. Une fois ces nuances faites, nous pouvons tout de même conclure que de nombreux centres d’aide ont tenté, sous une forme ou une autre, de poursuivre leur mission en dépit des contraintes imposées par le contexte de la pandémie.

Figure 1
Proportion des établissements répondants qui affirment avoir maintenu des services au CAF après le 13 mars 2020.

Quant aux adaptations apportées aux services offerts, elles sont évidemment nombreuses et tributaires non seulement des réalités matérielles et contextuelles propres à chaque établissement, mais aussi de la grande variété des formules d’aide offertes « en temps normal ». Il va sans dire que plusieurs services de tutorat ont progressivement migré vers l’une ou l’autre de ces plateformes que nous avons appris à connaitre au cours des derniers mois : Zoom, Teams, Skype, FaceTime, Discord, etc. D’autres CAF se sont plutôt convertis en services de dépannage linguistique ou d’aide à la correction; ils ont ainsi assuré une veille en répondant à des demandes d’aide ponctuelles et en orientant les élèves vers des ressources en ligne.

Si plusieurs répondants ont souligné les difficultés technologiques rencontrées, le taux d’abandon important de certaines activités et les nombreux défis logistiques liés entre autres à la promotion des services et au recrutement des tuteurs et des tutrices, les responsables de CAF s’entendent généralement pour reconnaitre la grande capacité d’adaptation dont ils ont su faire preuve face à l’adversité, ne serait-ce que pour assurer une certaine continuité dans les services. Mais lorsqu’il est question du plan de match envisagé pour la rentrée, les réponses laissent entrevoir les nombreuses incertitudes qui planent toujours sur la prochaine session d’automne. Des formulations comme « nous sommes en réflexion », « on se questionne », « la réflexion se poursuit » reviennent fréquemment dans les réponses et témoignent d’un contexte d’indétermination rendant bien difficile la prise de décision et la planification à long terme. Chose certaine, pour alimenter cette réflexion, l’idée d’une rencontre virtuelle entre responsables de CAF semblait très bien accueillie. Entre 30 et 40 personnes ayant répondu au questionnaire avaient annoncé leur intention (« oui » ou « peut-être ») de participer à la rencontre du 28 mai. Or, la rencontre en question, tenue sur la plateforme Zoom, a finalement rassemblé 51 participantes et participants!

Comme un mini-Intercaf virtuel

Le projet de réunir autant de personnes en visioconférence pour leur permettre de faire part de leurs inquiétudes, de leurs intentions, et ce, dans un contexte encore anxiogène, aurait pu laisser présager des échanges chaotiques et peu productifs. C’est pourtant tout le contraire qui s’est passé! De 10 h à midi, les interventions se sont succédé avec une spontanéité et une efficacité remarquables. Il faut dire que rien n’avait été laissé au hasard par l’équipe organisatrice pour assurer un encadrement rigoureux des discussions. Dominique Fortier, chargée de projets au CCDMD et animatrice des échanges, ouvrait chaque « tour » de table en cadrant le sujet abordé à l’aide de questions recueillies à l’étape de la consultation. Sept grandes thématiques avaient ainsi été préalablement ciblées en fonction des réponses obtenues, chacune faisant l’objet de 10 à 20 minutes de discussion :

  1. Le recrutement, les inscriptions et les jumelages;
  2. L’accueil des nouveaux étudiants et des nouvelles étudiantes;
  3. L’organisation de l’aide à distance;
  4. La formation des tuteurs et des tutrices;
  5. La fréquentation et la promotion des services;
  6. La préparation à l’EUF;
  7. Les ressources affectées au CAF à la rentrée 2020-2021.

Sara Marcoux, également chargée de projets au CCDMD et coanimatrice de la réunion, effectuait pour sa part le suivi des droits de parole et relayait les questions et échanges pertinents tenus parallèlement dans la boite de clavardage. Myriam Hince, agente de soutien administratif au CCDMD, coordonnait l’aspect technique de la réunion Zoom, assurant notamment l’enregistrement des échanges et agissant comme « gardienne du temps ». Cette dernière fonction « coercitive » n’a toutefois pas eu à s’exercer très souvent au cours des échanges, tous les participants et participantes faisant preuve d’une concision et d’une qualité d’écoute exemplaires. Gageons que les nombreuses réunions tenues en visioconférence au cours des semaines précédentes auront rompu chacun et chacune d’entre nous aux usages et bonnes pratiques de la communication à distance! Agissant personnellement à titre de secrétaire de la réunion, j’avoue, à l’heure où je dois maintenant rendre compte des échanges qui s’y sont tenus, que cette discipline communicationnelle facilite grandement ma tâche…

Quelques participantes et participants à la rencontre virtuelle du 28 mai 2020.

Le recrutement, les inscriptions et les jumelages

En étant privés du jour au lendemain de leurs lieux physiques, les CAF n’ont pas seulement perdu leur fonction d’espace de travail pour le tutorat; leur rôle essentiel de « poste de commandement » a aussi été sérieusement ébranlé. Pour recruter de nouveaux tuteurs et tutrices, pour orienter adéquatement les élèves qui sollicitent une aide particulière, puis pour les inscrire et les jumeler à un aidant ou une aidante, les responsables de centres d’aide peuvent généralement s’appuyer sur de nombreuses ressources – humaines et matérielles – déployées dans leur environnement immédiat. Comment ces opérations de routine peuvent-elles s’adapter harmonieusement au contexte du télétravail?

Pour Guillaume Robidoux, du collège de Valleyfield, la clé du succès de ces étapes cruciales réside, d’une part, dans l’utilisation de formulaires d’inscription informatisés (par exemple, via l’application Microsoft Forms) et, d’autre part, dans un soutien étroit de l’administration scolaire visant à cibler efficacement les élèves que l’on cherche à rejoindre. Les outils de gestion développés par Skytech, déjà bien implantés dans le réseau collégial, peuvent s’avérer utiles à cet égard. Aux cégeps de Matane et de Saint-Jean-sur-Richelieu, le portail Omnivox et le logiciel Clara sont ainsi mis à contribution pour faciliter les jumelages. Chose certaine, rappelle Lélia Tabard, du collège de Maisonneuve, les directions collégiales devront faciliter les protocoles d’accès du bureau à distance (le fameux VPN) afin de permettre le plein usage de ces outils à partir de la maison. Tous ces nouveaux modes de fonctionnement soulèvent évidemment des enjeux de confidentialité et de sécurité informatique qu’il ne faut pas négliger.

Heureusement, toutes ces transformations ne semblent pas entrainer que des complications et des contraintes supplémentaires. Caroline Payant, du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, observe d’ailleurs avec étonnement une augmentation du nombre de tutrices et de tuteurs recrutés pour l’automne 2020 et formule l’hypothèse que les élèves sont finalement loin d’être rebutés par l’aide à distance. France Cayouette, du cégep de la Gaspésie et des Îles, note également que beaucoup d’anciens aidants se sont montrés disponibles pour offrir du tutorat à distance et que, dans le contexte d’urgence que nous connaissons, ces personnes déjà formées constituent de précieuses ressources.

L’accueil des nouveaux étudiants et des nouvelles étudiantes

Un article paru dans Le Devoir la veille de la rencontre formulait une préoccupation bien réelle au sujet de l’accueil des nouveaux cégépiens et cégépiennes : « Les finissants du secondaire qui feront leur entrée au cégep courent un risque particulier de “désaffection”, après plus de cinq mois sans avoir mis les pieds dans une salle de classe[2]. » En ce sens, Philippe Clément, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, ajoutait que « les étudiants ont besoin de rencontrer leurs profs et les autres étudiants de leur groupe en début de session pour créer un lien de confiance. La vie étudiante sur le campus est aussi très importante pour la motivation et le sentiment d’appartenance. » Dans le contexte de la relation d’aide, ce lien de confiance est d’autant plus déterminant. Or, compte tenu du maintien des mesures de distanciation physique, quels moyens peuvent être mis en place pour favoriser tout de même le tissage de ce lien?

C’est précisément dans cette volonté de réfléchir à un arrimage possible entre le secondaire et le collégial que Caroline Payant (Saint-Jean-sur-Richelieu) s’est associée à Marlène Jacques, une professeure de français du secondaire, pour créer le groupe Facebook « Passage du français au secondaire vers la littérature au collégial », un groupe de discussion qui réunit pas moins de six-cents enseignants et enseignantes de français du secondaire et du collégial. Selon Caroline Payant, cette initiative personnelle, bien que réjouissante en soi, doit s’accompagner de démarches concrètes effectuées par les directions des cégeps auprès des commissions scolaires environnantes (désormais les « centres de services scolaires »), notamment pour bien cibler les élèves du secondaire qui nécessiteront un soutien particulier en français à leur arrivée au collégial.

Afin de répondre efficacement aux besoins de ces élèves, France Cayouette (Gaspésie) pense que les CAF auraient avantage à élargir leur offre de services ou, du moins, à les envisager avec davantage de flexibilité, par exemple à travers des services d’aide plus ponctuels, à la manière du service de « dépannage » qu’offre l’organisme Alloprof. Quant à la formule traditionnelle de l’aide par les pairs, Lélia Tabard (Maisonneuve) considère que ce genre de jumelage – dans un contexte d’aide à distance – est d’autant plus pertinent que l’aidant ou l’aidante devient pour l’élève aidé un lien d’ancrage bien réel avec son nouvel établissement d’enseignement.

L’organisation de l’aide à distance

L’un des sujets les plus ambitieux abordés lors de la rencontre virtuelle du 28 mai peut se résumer à une question en apparence toute simple : « Comment s’y prendre? ». Il va de soi que personne ne s’attendait à ce qu’une discussion de vingt minutes règle la question et fournisse des solutions clés en main pour tous les cas de figure. Par contre, l’expérience cumulée par les enseignants et les enseignantes au cours des premières semaines de la pandémie était bien visible et a rapidement permis de faire ressortir les principaux outils qu’ils et elles privilégiaient dans l’aide à distance.

En plus des portails déjà bien implantés comme Moodle et Omnivox, ce sont assurément les plateformes collaboratives et de visioconférence qui sont devenues les principaux espaces d’apprentissage des CAF. Nombreux sont ceux et celles qui, pour poursuivre l’encadrement des tuteurs et des tutrices, ont recouru à l’application Microsoft Teams. Nathalie Marier, du cégep de Victoriaville, a même trouvé que l’accès immédiat aux canaux privés réservés à chacune des équipes aidant-aidé a facilité son travail de supervision. Il est vrai que dans l’espace physique d’un centre d’aide, les responsables ne peuvent pas compter sur une telle ubiquité pour se rendre disponibles à leurs tuteurs et tutrices. Héloïse Masse et Lélia Tabard, du cégep de Maisonneuve, ont quant à elles préféré la convivialité de l’application Zoom, qui permet également de gérer des « salles de petits groupes » (breakout rooms).

Pour l’administration de tests diagnostiques ou de parcours autodidactes, les ressources interactives du CCDMD ont évidemment été mentionnées, mais les responsables de CAF s’investissent également dans la création de leur propre matériel didactique informatisé, par l’entremise de questionnaires Moodle, Omnivox ou Microsoft Forms. Sara Marcoux, de l’équipe du CCDMD, a d’ailleurs profité de l’occasion pour rappeler les fonctionnalités de la ressource Netquiz Web+, dont l’accès est gratuit et qui permet de concevoir des questionnaires en ligne en un tour de main.

Pour réfléchir aux incidences de ce nouveau mode d’intervention à distance auprès d’élèves en difficulté, les participants et participantes de la rencontre ont pu tirer profit de la présence de la professeure-chercheuse Isabelle Cabot, du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, qui mène actuellement une étude PAREA intitulée « De l’aide virtuelle ou en présence? Le spectre des possibles d’un centre d’aide hybride. Effets sur la motivation, la réussite et la persévérance scolaires[3] ». Questionnée sur les effets de l’aide à distance sur l’engagement comportemental des élèves aidés, Isabelle Cabot a mentionné que les résultats partiels de son étude révélaient un plus grand engagement de leur part dans le contexte d’une formule hybride (alternant l’aide virtuelle et en présence) que dans une formule strictement à distance. Ainsi, dans la mesure où le permettent les mesures sanitaires mises en place dans le réseau collégial, ces résultats préliminaires donnent à croire qu’une formule d’aide hybride devrait être privilégiée. Quant à la proportion d’aide à distance à offrir en modes synchrone ou asynchrone, bien que les travaux d’Isabelle Cabot ne portent pas spécifiquement sur ces aspects, la chercheuse croit que ces deux modes d’aide à distance présentent des avantages et des inconvénients variables en fonction des types d’élèves. Pour ceux et celles qui éprouvent une forme d’anxiété sociale, par exemple, le mode d’apprentissage asynchrone pourrait être plus rassurant. En somme, une formule hybride (alternant les modes synchrone et asynchrone) devrait logiquement satisfaire un plus large spectre d’élèves.

La formation des tuteurs et des tutrices 

En contexte d’aide à distance, l’enjeu de la formation des tuteurs et des tutrices n’est évidemment pas aussi préoccupant si le centre d’aide s’appuie, comme au cégep de Matane, sur des employés de soutien à temps plein experts ou – comme dans certains centres d’aide universitaires – sur des étudiants rémunérés et formés en didactique du français. Or, une majorité de centres d’aide fonctionnent depuis des années sur le principe d’un recrutement annuel de tuteurs-étudiants. Leur formation à la relation d’aide en français est alors souvent offerte dans le cadre d’un cours complémentaire ou d’un cours s’insérant dans la séquence obligatoire de formation générale en français et littérature. La question de la formation des tuteurs et des tutrices appelle dès lors à une planification pédagogique rigoureuse permettant d’adapter au téléenseignement l’apprentissage non seulement de savoirs, mais surtout de savoir-faire et de savoir-être.

Pour ce faire, Guillaume Robidoux (Valleyfield) juge que cette transition nécessite une nouvelle segmentation de la matière en capsules théoriques plus courtes, alternant avec des activités d’interactions fréquentes, comme des simulations de tutorat en duo, facilement gérables si l’on scinde la classe virtuelle en canaux privés sur Microsoft Teams. C’est aussi l’avis de Valérie Thomas, du cégep régional de Lanaudière à L’Assomption, dont la formation des tuteurs et des tutrices était déjà conçue sur Moodle et qui prévoyait la transmission du contenu théorique en classe inversée (soit à la maison), réservant les périodes de travail en grand groupe à la mise en pratique des principes de la relation d’aide.

Ces principes peuvent notamment prendre appui sur l’étude de mises en situation présentées sous forme de capsules vidéos dans la ressource du CCDMD Tutorat – Se former à la relation d’aide par les pairs, disponible en ligne. La créativité des tuteurs et des tutrices peut aussi être mise à contribution dans la production de ressources originales. Ainsi, dans le cadre de son cours, Marie‑France Dubé, du cégep de Sainte-Foy, a remplacé les exposés oraux qu’elle demandait habituellement à ses élèves par la production de capsules vidéos. Mais plutôt que de limiter ces capsules à la présentation d’une notion théorique ou d’une difficulté grammaticale particulière, elle a exigé de ses tuteurs et de ses tutrices un effort métacognitif plus significatif en les invitant à exposer une démarche, une méthode ou une stratégie pédagogique qu’ils et elles envisageraient d’utiliser pour expliquer à un ou une élève telle ou telle règle du français. Saisissant au bond cette balle « métaréflexive », France Cayouette (Gaspésie) nous a alors spontanément fait part d’une idée que notre propre rencontre virtuelle venait de lui donner : organiser une rencontre Zoom entre nouveaux et anciens tuteurs afin qu’ils puissent échanger entre eux, tirant ainsi profit (tout comme nous) d’une véritable communauté de pratique.

La fréquentation et la promotion des services 

Tous les établissements d’enseignement jouissent en temps normal d’une multitude de plateformes et d’espaces de diffusion visant à favoriser la promotion des évènements et des services offerts à leurs étudiants et étudiantes. Si les moyens de communication en ligne demeurent aussi accessibles qu’avant la pandémie, le contexte actuel du téléenseignement sature en quelque sorte l’espace virtuel des élèves, en multipliant les plateformes utilisées dans le cadre scolaire et en augmentant significativement le volume des communications électroniques.

Pour contrer cet effet de saturation, Valérie Plourde (Matane) suggère de regrouper tous les services aux étudiants sur une même plateforme (sur Microsoft Teams, par exemple). Guillaume Robidoux (Valleyfield) privilégie également un point d’accès simple et rapide au centre d’aide de son collège, d’où la mise en ligne d’un site SharePoint par l’entremise duquel il est possible de s’inscrire en un clic aux services du CAF.

En ce qui a trait aux stratégies de promotion en tant que telles, hormis les habituelles invitations lancées à l’ensemble de la communauté collégiale ou universitaire, plusieurs responsables de CAF envisagent des moyens plus directs d’interpeler les élèves. Par exemple, Anahita Shafie, de l’Université de Moncton, compte recourir, à des fins de promotion, aux témoignages vidéos d’anciens élèves ayant fréquenté le CAF. France Cayouette (Gaspésie) songe quant à elle à se faire inviter dans les classes virtuelles d’autres cours afin de présenter les services du centre d’aide de son collège.

La préparation à l’EUF

Mises à part l’annulation de l’épreuve uniforme de français (EUF) du 13 mai 2020 et la levée de l’obligation de réussir cette épreuve pour les finissantes et finissants de l’année scolaire 2019-2020 auxquels il ne manque que la réussite de l’EUF pour l’obtention du diplôme, beaucoup d’incertitudes[4]  règnent encore au sujet de la fameuse évaluation ministérielle. Comme sa tenue (ou son annulation) est tributaire d’un calendrier fixé en hautes instances, les responsables de CAF qui coordonnent des mesures d’aide à la réussite de l’EUF demeurent pour l’instant sur le qui-vive. L’une de leurs préoccupations majeures est l’affluence soudaine d’un nombre important d’élèves devant reprendre l’EUF, et ce, pour un bon nombre d’entre eux, plusieurs mois après avoir suivi le cours préparatoire à l’épreuve ministérielle. Nathalie Marier (Victoriaville) souligne à juste titre que les efforts du CAF généralement concentrés sur les élèves ayant échoué à l’épreuve devront sans doute s’étendre à un groupe plus vaste d’étudiants et d’étudiantes nécessitant un rappel des rudiments associés à la rédaction de la dissertation critique. En attendant d’en savoir plus sur la reprise du calendrier régulier de l’EUF, Caroline Payant (Saint-Jean-sur-Richelieu) rappelle que les capsules vidéos créées par le cégep Limoilou afin d’aider les élèves à la préparation de l’épreuve constituent des outils présentant un grand intérêt dans le cadre de l’enseignement à distance.

Les ressources affectées au CAF à la rentrée 2020-2021

D’un cégep à l’autre, les libérations et les ressources attribuées au CAF sont généralement reconduites, avec plus ou moins de stabilité, au gré des priorités organisationnelles de chaque établissement[5]. Au moment de la rencontre virtuelle du 28 mai dernier, plusieurs responsables de CAF attendaient toujours des précisions de leur direction à cet égard, mais demeuraient tout de même confiants que les ressources affectées au centre d’aide demeurent stables pour la prochaine année scolaire. En période d’incertitude comme celle que nous connaissons depuis mars dernier, un certain statuquo adopté par plusieurs directions semble en effet assurer un minimum de continuité dans les collèges. À long terme, il faudra bien entendu réévaluer l’impact qu’aura eu la pandémie sur l’alourdissement de la tâche des responsables de CAF et sur les ressources accordées par les directions pour assurer leur fonctionnement.

La mise à jour des ressources interactives du CCDMD

Le site Amélioration du français constituant un pôle incontournable de l’aide en français au collégial, il était pertinent – particulièrement dans un contexte d’enseignement à distance – de conclure la rencontre avec une annonce concernant les ressources interactives du CCDMD. Certaines d’entre elles, conçues il y a plusieurs années et toujours très utilisées dans les centres d’aide, étaient menacées de désuétude en raison de l’arrêt des mises à jour du module d’extension Flash Player, par Adobe, à compter du 31 décembre 2020. Lancée depuis plusieurs mois dans une opération de mise à niveau des ressources interactives, l’équipe du CCDMD était donc heureuse d’informer les responsables de CAF de l’avancée des travaux. Sara Marcoux, chargée de projets coordonnant ce volet, a donc présenté les informations suivantes :

Ressources interactives disponibles sur toutes les plateformes (téléphone, tablette, ordinateur)

Ressources mises à jour (anciennement en format Flash) :

Ressources à venir (mises à jour bientôt disponibles sur toutes les plateformes)

  • Accords / Désaccords (en format Flash pour l’instant ici)
  • Graphies des finales en I et en U (en format Flash pour l’instant ici)
  • Graphies des finales en É (en format Flash pour l’instant ici)
  • Jeu Prépositions (en format Flash pour l’instant ici)
  • Exercices PDF de la section Accords et peut-être d’autres sections (seront transférés dans Netquiz Web+ et accessibles en ligne)
  • Des dictées seront également transférées sur Netquiz Web+ 

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Au terme de cette rencontre virtuelle riche en échanges sur la réalité des CAF au temps du confinement, plusieurs participants et participantes ont manifesté, que ce soit verbalement ou dans la boite de clavardage, le désir de réitérer cette expérience de mise en commun. Il n’en a pas fallu davantage pour mettre en branle l’organisation d’une deuxième rencontre virtuelle, qui s’est déroulée le jeudi 20 aout, visant à clarifier les perspectives pour la rentrée 2020 et à mettre en place, grâce au CCDMD et à l’expertise de Valérie Plourde, du cégep de Matane, un « espace collaboratif » destiné aux responsables de CAF. Souhaitons qu’en cette période tumultueuse, cette initiative permette non seulement à chacun et à chacune de briser les bulles individuelles au sein desquelles les circonstances actuelles confinent souvent notre travail, mais favorise également l’émergence d’une véritable communauté de pratique interCAF.

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  1. Le CCDMD a mis le document à la disposition des membres de la communauté Intercaf sur la plateforme Teams créée pour leurs échanges au cours de l’année 2020-2021. [Retour]
  2. M. FORTIER, « Au moins 30 % d’étudiants dans les cégeps et les universités pour la rentrée automnale », Le Devoir, 27 mai 2020. [Retour]
  3. https://recherche.cstjean.qc.ca/notre-expertise/isabelle-cabot [Retour]
  4. À titre d’exemple, au moment de notre rencontre virtuelle, le 28 mai 2020, la tenue (ou l’annulation) de l’EUF du 12 aout n’avait pas encore été officiellement annoncée. [Retour]
  5. L’article de Marie-Josée Nolet « Les CAF en chiffres : faits saillants d’une enquête sur la situation des centres d’aide en français » (2019) offre un portrait assez récent des différentes réalités locales, notamment en ce qui a trait aux libérations accordées aux responsables de CAF. [Retour]

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