Logo
Logo CCDMD
  • Articles récents
  • Collections d’articles
  • Index des auteurs
  • Index des titres
  • Archives des parutions
2021 © Centre collégial de développement de matériel didactique

Réflexion sur les différences entre langue parlée et langue écrite. Précisions sur la notion de registre de la langue en français écrit.

Esther Poisson
Volume 17, numéro 2, 2012
Office québécois de la langue française Oral

L’oral, l’écrit et les registres

PrécédentSuivant

Réflexion sur les différences entre langue parlée et langue écrite. Précisions sur la notion de registre de la langue en français écrit.

Capsule linguistique

Dans le domaine du vocabulaire, il est deux aspects de la production écrite auxquels les candidats à l’épreuve uniforme de français devront se montrer attentifs : la précision du vocabulaire et le respect du registre.

*  *  *

Il existe une distinction entre la langue de l’oral, plus permissive dans la plupart des contextes, et la langue de l’écrit, en général plus châtiée, plus conforme au code linguistique. Si en langue parlée, on tolère souvent des phrases incomplètes, des accords non faits, des que à la place de dont, une absence de nous qui s’explique par un emploi systématique du on (plus simple à conjuguer), l’omission du ne de la négation, l’emploi excessif de verbes passe-partout comme avoir, être ou faire, des formulations dont l’approximation est parfois compensée par le non-verbal ou l’intonation, etc., les contextes d’écriture plus soignée, notamment celui de l’épreuve uniforme, ne peuvent cependant admettre de tels usages. Et si à l’oral on accepte aussi le recours au registre familier, lorsqu’il est à propos évidemment, l’écrit ne le permet généralement pas, sauf pour relater le discours de personnages, de témoins, ou dans la correspondance privée et même dans les médias (les blogues, par exemple). Dans une production écrite, les mots et la ponctuation sont les seuls outils que nous possédions pour traduire notre pensée – les gestes, l’expression ou l’intonation ne pouvant alors suppléer à une formulation quelque peu imprécise. Ainsi, selon les contextes, dire peut se rendre dans une situation d’écriture officielle par déclarer, affirmer, prétendre, clamer, etc., et prendre par manier, manipuler, saisir ou attraper. Une construction comme en faisant attention, qui, à l’oral, passe inaperçue, gagnerait à l’écrit à être rendue par avec précaution, doucement ou prudemment. Si on dit couramment que ça n’a rien donné, que ça n’a pas marché, on écrirait plutôt que cela s’est avéré inefficace, cela s’est révélé inutile, vain. L’adjectif petit peut vouloir dire mince, maigre, chétif, et très petit signifier minuscule, microscopique, infime alors que beau peut renvoyer à magnifique, merveilleux, superbe, joli, charmant, etc. Pour s’améliorer dans ce domaine, le dictionnaire (notamment pour ses renvois analogiques) est encore le meilleur conseiller des candidats.

L’écrit commande généralement des phrases non seulement complètes, mais aussi plus complexes syntaxiquement. Il faut prendre garde toutefois de ne pas tomber dans l’excès. À défaut de bien maîtriser les incises, la subordination, la concordance des temps, il est préférable de s’en tenir à des phrases simples, mais bien construites, et à privilégier l’emploi de l’indicatif présent.

La reconnaissance des registres est un autre élément essentiel à la maîtrise du français. C’est là un aspect indissociable de la notion de « norme », qui renvoie à deux réalités au sein d’une communauté linguistique : soit à ce que l’on appelle souvent le « bon usage » (aussi appelé usage standard, courant ou neutre), soit à la classification des emplois de la langue, au code, en quelque sorte, qui décrit les différents registres et qui a pour but de guider les locuteurs dans leur pratique. Ces deux compréhensions de la norme sont liées, puisqu’il est nécessaire de dégager le noyau non marqué (ce bon usage) pour en arriver à marquer les autres usages. Le noyau sert en fait de référence pour reconnaître les emplois familiers, populaires (cette dernière marque tendant toutefois à disparaître des dictionnaires plus récents pour éviter l’association d’une classe sociale à des emplois souvent critiqués), vulgaires, ou, à l’inverse, les emplois soutenus ou littéraires, ou encore, péjoratifs. Les dictionnaires sont là pour rendre compte du « sentiment linguistique » des locuteurs d’une communauté linguistique – c’est-à-dire témoigner de ce que ceux-ci perçoivent comme normal ou admissible selon les contextes de discours –, un sentiment que les marques d’usage devraient traduire. Ces balises que nous fournissent les ouvrages de référence sont importantes et doivent être prises en compte par les personnes qui les consultent.

*  *  *

La reconnaissance des registres ainsi que la distinction entre l’oral et l’écrit sont deux éléments essentiels pour assurer une communication de qualité. Journalistes, politiciens, voire professeurs nous servent à l’occasion un mélange de registres ; ils le font le plus souvent consciemment dans le but d’établir une connivence avec leurs destinataires. Toutefois, lorsque la confusion se fait involontairement ou que le registre n’est pas approprié au contexte de communication, cela révèle, chez ces personnes comme chez les étudiants, un manque de maîtrise de la langue. Que des politiciens parlent de « patente à gosse » ou que des médias titrent qu’un juge « a passé un mauvais quart d’heure » ou qu’il « s’est fait passer un savon » a de quoi étonner, et ces exemples n’ont rien de fictif, je les ai trouvés en jetant un rapide coup d’œil sur les informations écrites de la journée... * * *

Télécharger l'article au format PDF

Français (langue)Lexique (linguistique)Matériel didactique
Partager

Un texte de

Esther Poisson

Office québécois de la langue française

La revue web sur la valorisation du français en milieu collégial

  • S’abonner à l’infolettre
  • Site de l’Amélioration du français
  • À propos
  • Nous joindre
  • Droits d’utilisation
  • Générique

Une épreuve à l’épreuve du temps?

  • Mot du nouveau directeur
  • L'épreuve uniforme de français et «Correspondance»
  • Portes ouvertes sur l'épreuve uniforme de français
  • La tyrannie de l'épreuve uniforme de français
  • «Le tutorat: une solution pour les élèves à risque?», d'Alain Baudrit
  • «Stratégies d'écriture dans la formation spécifique»: le matériel
  • Utiliser une terminologie rigoureuse et cohérente pour parler de la langue
  • Vers un français acadien normalisé (1re partie): la communauté acadienne à la croisée des chemins
  • Les mots issus de l'argot: mots voyous devenus respectables
  • Le CAF du Cégep de Saint-Félicien: un «vieux CAF jeune»!
  • La «Piqûre du français», un site pour les élèves en soins infirmiers du réseau collégial anglophone
  • L'oral, l'écrit et les registres