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«Retrouvailles» autour du tutorat: une 27e édition de l’Intercaf des plus stimulante!

«Retrouvailles» autour du tutorat: une 27e édition de l’Intercaf des plus stimulante!

Isabelle Dufour travaille au secteur de l’Amélioration du français. Jean-Philippe Boudreau occupe, dans son collège, la fonction de repfran. Ils ont organisé ensemble la 27e édition de l’Intercaf.

Une année de pause en 2012 en raison de la grève étudiante, la journée annuelle d’étude des responsables de CAF, l’Intercaf, était de retour le 31 mai dernier au cégep de Sherbrooke avec une rencontre très attendue portant sur le thème du tutorat. Plus d’une centaine de représentants du réseau collégial et des universités ont participé à l’évènement : responsables de CAF, enseignants de français et responsables du dossier de la valorisation de la langue. Le succès de cette édition de l’Intercaf montre bien à quel point cette formule d’encadrement individualisé suscite la réflexion et l’engagement de tous les intervenants du milieu de l’éducation[1].

Une thématique riche

La relation d’aide est la pierre d’assise de la plupart des centres d’aide en français, comme en témoignent les nombreuses pages publiées dans Correspondance[2] à ce sujet. Aussi, l’objectif de cette 27e édition de l’Intercaf était d’identifier des pistes d’action permettant de maximiser les retombées positives du tutorat. Pour ce faire, deux blocs de présentations ont été proposés aux participants. En matinée, la boite à idées donnait l’occasion d’examiner la question d’un point de vue plus conceptuel : identités du tuteur et de l’aidé, modes d’intervention spécifiques, aspects de la relation d’aide, etc. En après-midi, la boite à outils offrait un panorama de ressources utiles au fonctionnement et au développement des CAF. Chaque bloc de présentations était suivi d’une période d’échanges en petits groupes hétérogènes.

La boite à idées

Après les mots de bienvenue, un vox pop réalisé par le CCDMD et intitulé La parole aux tuteurs et aux aidés[3] a ouvert cette journée animée par René Lefebvre, coresponsable du CAF, et Jean-Philippe Boudreau, conseiller pédagogique, tous deux du cégep hôte. Ces témoignages d’élèves recueillis au collège de Maisonneuve, au cégep de Sherbrooke et au cégep régional de Lanaudière à Terrebonne ont permis d’en savoir plus sur les perceptions des principaux acteurs de la relation d’aide par rapport aux aspects suivants : les qualités d’un bon tuteur et d’un bon aidé; les ingrédients d’une bonne relation d’aide et les pièges à éviter; les retombées scolaires et personnelles de la relation d’aide chez le tuteur et l’aidé, de même que quelques conseils pour tout élève éprouvant des difficultés en français. De cette récolte de témoignages et d’impressions prises sur le vif se dégage le portrait du tuteur « modèle », qui, selon les élèves interrogés, réunirait les qualités suivantes :

  • qualité d’écoute;
  • motivation à aider;
  • respect envers l’élève en difficulté;
  • empathie et patience (sans complaisance);
  • capacité de développer une proximité adéquate avec l’aidé;
  • ouverture d’esprit;
  • sens de l’humour;
  • habileté à doser le travail de manière réaliste et respectueuse pour l’aidé;
  • aptitude à se faire respecter sans se montrer trop autoritaire ou critique;
  • capacité d’aller chercher de l’aide et des ressources.

Quant à l’aidé, il optimiserait ses chances de réussite en adoptant ces comportements et attitudes :

  • ponctualité et assiduité aux rencontres;
  • capacité d’exprimer ses besoins et ses émotions, de poser des questions;
  • capacité d’accepter ses erreurs;
  • motivation et persévérance;
  • ouverture.

Par rapport à la relation d’aide elle-même, ils nous disent par ailleurs qu’elle doit :
être fondée sur des attentes claires et des objectifs;

  • être basée sur l’écoute mutuelle;
  • respecter le cheminement de l’aidé;
  • être égalitaire, favoriser la réciprocité et l’acception des différences;
  • permettre les compromis et la négociation;
  • être conviviale, ouverte et si possible;
  • empreinte d’humour;
  • être fondée sur l’honnêteté, la transparence et la confiance mutuelle.

En général, à travers leur expérience en tutorat, les élèves, tant tuteurs qu’aidés, affirment avoir développé leur ouverture aux autres, leur persévérance et leur patience; certains ont même vaincu leur timidité! Ce qui ressort ici, c’est que ce sont les attitudes, ou le savoir-être, qui font vraiment la différence dans la relation d’aide.

Trois présentations se sont ensuite enchainées. Isabelle Dufour, du CCDMD, et Mélanie Dutemple, responsable du CAF au collège de Valleyfield, ont présenté les résultats de deux consultations effectuées en 2012 et 2013 auprès de responsables de CAF. Ces résultats se voulaient avant tout un portrait d’ensemble des pratiques et des besoins de ces derniers afin d’alimenter la réflexion. Michèle Le Risbée, enseignante de français au cégep de Sherbrooke, y est allée quant à elle d’un récit de pratique centré sur une expérience de tutorat auprès d’élèves allophones. Par la suite, trois tutrices de l’Université Laval, Émilie Lapointe, Sarah Lavoie et Anne-Sophie Picard, ont exposé, à l’aide d’une copie d’aidé, leur démarche d’accompagnement en amélioration du français, dont l’objectif est de favoriser l’autonomie de l’élève. Pour en savoir plus sur cette démarche qui a suscité beaucoup d’engouement, nous vous suggérons de consulter l’article de François Lépine, coordonnateur du Centre de développement des compétences langagières de l’Université Laval dans Correspondance, vol. 18, no 3, p. 11-18. Enfin, pour clore cette boite à idées, Louise Comtois, chargée de projets au CCDMD, a présenté le cadre conceptuel retenu comme assise d’un projet de capsules vidéo pour la formation des tuteurs à la relation d’aide, matériel qui sera disponible en 2014.

La boite à outils

La deuxième portion de la journée d’étude était plutôt axée sur les outils de gestion et de formation des tuteurs. Ainsi, Dominique Trudel, du cégep régional de Lanaudière à L’Assomption, a généreusement présenté et mis à la disposition des participants les outils développés dans son CAF : plan de travail, formulaire, document de suivi pour le Service d’aide à l’intégration des élèves (SAIDE). Jean-Philippe Boudreau, pour sa part, a entretenu les participants des possibilités qu’offre l’introduction du logiciel Antidote dans la formation des tuteurs. Présentant le plan d’une formation menée auprès des aidants du CAF du cégep de Sherbrooke, il a ainsi mis de l’avant les avantages du correcticiel pour favoriser l’autonomisation de l’aidé, notamment en permettant de centrer le travail d’accompagnement sur les stratégies de révision plutôt que sur des connaissances linguistiques isolées et, trop souvent, décontextualisées. Enfin, Chantal Trudel, du collège de Bois-de-Boulogne, accompagnée de deux représentants de Skytech Communication, a exposé les principales applications d’un logiciel de gestion du tutorat présentement en développement et bientôt disponible pour les collèges. Cette boite à outils, au caractère plus pragmatique que la première partie de la journée, s’est close sur des discussions entre les participants à propos de leurs besoins respectifs en matière de gestion du tutorat.

* * *

La synthèse de la journée a été effectuée par Guillaume Lachapelle, enseignant au Département de français du cégep de Sherbrooke, et a été l’occasion de lever le voile sur la grande diversité des réalités vécues d’un cégep à un autre, notamment en ce qui a trait à l’aide spécifique offerte dans les CAF aux élèves allophones. Tout en rappelant l’importance d’être sensible aux besoins particuliers des élèves fréquentant les CAF, la journée aura permis de mettre de l’avant des stratégies d’accompagnement favorisant l’autonomie progressive des aidés et une approche de la démarche tutorale misant avant tout sur la réciprocité dans la relation d’aide.

Le seul bémol relevé par les participants, au terme de cette rencontre par ailleurs très appréciée, réside dans le manque de temps pour les questions et les échanges dans ce format condensé d’une seule journée. Comme quoi la thématique du tutorat est particulièrement riche et pourrait encore être explorée plus avant selon de nouveaux angles d’approche. Il s’agit là d’un terreau très fertile pour tout chercheur en éducation préoccupé par les questions de réussite au postsecondaire. L’invitation est lancée!

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EN ROUTE VERS 2014

Parlant d’invitation, le cégep de Shawinigan sera l’hôte de l’Intercaf en mai 2014 : Marie-Claude Gélinas, responsable du PAF (Promotion et amélioration du français) et Véronique Boisvert, coresponsable du CAF, nous accueilleront avec toute leur équipe enthousiaste et déjà à l’oeuvre en vue de cet événement… C’est donc un rendez-vous à ne pas manquer!

  1. Pendant les pauses et le midi, les participants étaient invités à visiter les stands d’éditeurs et d’organismes tout aussi variés que reconnus : Sarah-Claude Bernier (La clé des participes passés), Les éditions CEC, Chenelière Éducation, Druide informatique, Dictionnaire Usito, OQLF, Pearson ERPI, Messageries ADP et CCDMD. Les exposants ont généreusement fourni les prix de présence qui ont été offerts à la fin de la journée. [Retour]
  2. « Le tutorat vu par Correspondance », Correspondance, vol. 18, nº 3, p. 9-10. [Retour]
  3. La vidéo de ce vox populi peut être consultée [En ligne].

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