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Pygmalion et nous

Pygmalion et nous

Une étude réalisée il y a fort longtemps par Robert Rosenthal et Leonore Jacobson[1] suggère que la confiance témoignée aux élèves favorise leur développement de manière parfois étonnante. Les protagonistes de cette expérience : des chercheurs rusés qui imposent une série de tests d’aptitudes aux élèves d’une école primaire de San Francisco, et qui font croire à la « supériorité cognitive » d’un certain nombre d’entre eux; des enseignants informés de la présence de ces « petits génies » dans leurs classes; enfin, des élèves ni plus ni moins doués que leurs camarades, mais qui, désignés aux intervenants concernés comme ayant des aptitudes hors normes, réalisent des progrès remarquables au terme de l’année scolaire. Que s’est-il passé? Selon les auteurs, le comportement des enseignants, enclins à exprimer des attentes particulièrement élevées envers les enfants réputés doués, serait le principal facteur expliquant leurs progrès. Le phénomène est connu en pédagogie sous le terme d’effet Pygmalion.

De là à dire qu’une attitude positive à l’égard des élèves est une condition suffisante pour assurer la réussite du plus grand nombre, il y a un monde. Postulons néanmoins, avec plusieurs auteurs du présent numéro, que valoriser, encourager, donner confiance créent des conditions favorables.

TOUS AZIMUTS Le Réseau Repfran, né il y a peu du Cadre de mesures pour l’amélioration de la maitrise du français dans les collèges, a pour mission d’orienter la réflexion sur la valorisation de la langue au cégep. Animatrice du Réseau, Colette Ruest a créé un cadre de référence, qu’elle présente ici, afin d’aider les répondants de chaque collège à établir un bilan des mesures de valorisation en place et à envisager d’éventuelles améliorations. L’objectif de ce référentiel est d’inviter les intervenants à adopter une vision globale des problématiques concernant le français; on préconise les approches qui mobilisent l’ensemble de la communauté – les élèves autant que le personnel enseignant et non enseignant – et qui auront des retombées à long terme. « Patience et longueur de temps », attentes élevées, motivation et optimisme : la table est mise.

Ces efforts déployés dans les cégeps en vue d’améliorer la maitrise du français écrit trouvent également un écho à l’université : la volonté de maintenir la collaboration déjà bien établie entre le RUSAF (Réseau universitaire des services d’aide en français) et le réseau collégial des centres d’aide en français (CAF) s’est une nouvelle fois confirmée lors du colloque RUSAF 2012, qui a eu lieu en novembre dernier. Nicole Beaudry (UQAM) dresse un bilan de cette journée stimulante.

EN MARGE DES FIGURES IMPOSÉES Dissertations, résumés, comptes rendus, rapports de toutes sortes : dans notre système scolaire, les élèves écrivent surtout pour être évalués. Contexte oblige, ces rédactions semées de contraintes semblent souvent menaçantes à leurs auteurs : si, pour une minorité de forts en thème, écrire en vue d’une évaluation est une expérience gratifiante, pour la plupart, c’est l’occasion par excellence d’être pris en défaut. Tous – y compris les plus forts – gagneraient à apprivoiser l’écrit et à s’en faire un allié; ils peuvent y arriver en « écrivant pour apprendre », pratique pédagogique au cœur d’un ouvrage dont Julie Roberge (cégep Marie-Victorin) rend compte dans nos pages. Y sont décrites différentes activités d’écriture permettant aux élèves de s’approprier les contenus enseignés dans leurs cours, parfois de manière tout à fait ludique. En plus d’offrir une agréable diversion aux rédactions formelles, cette pratique donne aux élèves l’occasion d’assumer la responsabilité de leurs apprentissages, et aux enseignants, de les guider dans cette voie en toute confiance.

RÉÉCRIRE POUR SOPHIE Lors du colloque RUSAF 2012, François Lépine (Université Laval) a présenté une méthode de révision et de réécriture ayant fait ses preuves au Centre de développement des compétences langagières, dont il est le coordonnateur. Sans mettre totalement de côté la correction des erreurs linguistiques, cette approche mise surtout sur la clarté du propos. On sollicite l’intuition du scripteur, sa capacité d’autocritique, mais également son désir de se faire comprendre de ses éventuels lecteurs; autrement dit, on met l’accent sur ses habiletés communicationnelles plutôt que sur ses lacunes. En lisant l’article où notre collègue explique les principes de la démarche, vous apprendrez également qui est Sophie.

La réécriture, c’est aussi le thème du troisième volet de notre série d’articles sur le processus d’écriture, rédigés par Hélène Paradis (collège Saint-Charles-Garnier). L’apprentissage de l’écriture est fait d’une longue suite de recommencements, ce qui se révèle un projet fastidieux pour les novices. L’auteure suggère ici des astuces didactiques et des activités de réécriture qui donneront aux élèves envie de retravailler patiemment leurs textes – pour devenir meilleurs.

DES NOUVELLES DE L’ORTHOGRAPHE On a beaucoup parlé des rectifications orthographiques ces dernières années : le sujet a soulevé – soulève toujours – débats et questionnements. Monique Lebrun (UQAM), membre du groupe RO (Rectifications orthographiques), a sondé des enseignants québécois : Quels sont leurs usages orthographiques? Que pensent-ils réellement des rectifications? Jusqu’où devrait aller cette réforme? Comment devrait-elle être mise en œuvre? Quelle est la place réelle des rectifications dans les pratiques d’enseignement? L’article explore toutes ces questions, offrant un éclairage inédit sur la réforme de l’orthographe au Québec.

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FAMILLES ÉCLATÉES

Banc et saltimbanque, chambre et cambrioleur, cou et colis, sou et soldat… Qu’ont en commun ces quatre paires? Elles ont toutes – c’est notre chroniqueur Gaétan St-Pierre qui le dit – des histoires de famille un peu obscures.

  1. R. ROSENTHAL & L.F. JACOBSON, Pygmalion in the Classroom: Teacher Expectation and Student Intellectual Development, New York, Holt, Rinehart & Winston ed, 1968. Voir aussi, des mêmes auteurs, « Teacher Expectations for the Disadvantaged », Scientific American, vol. 218, nº 4, avril 1968, p. 19-23. [Retour]

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