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N’ajustez pas votre appareil

N’ajustez pas votre appareil

Non, vraiment, le vin de dépanneur n’est pas à blâmer, pas plus qu’un excès de sucreries sous le gui : l’orthographe parfois surprenante que revêtiront certains mots dans ce numéro est tout à fait intentionnelle, puisque vous tenez dans vos mains un bulletin entièrement rédigé selon les modifications orthographiques recommandées. Mais à quoi bon, pensez-vous, tout changer, puisque ces modifications ne sont que suggérées, et que les graphies traditionnelles sont encore de mise ? Pourquoi, après avoir adopté une grammaire nouvelle, s’approprier une orthographe nouvelle ?

En effet, il n’y a pas d’obligation à modifier à tout prix notre façon d’écrire, et certainement aucune urgence à le faire ; d’ailleurs, dès le numéro prochain, ce bulletin retournera à ses habitudes orthographiques. Il y a cependant un devoir qui incombe à tous les professeurs de français : se familiariser avec ces nouvelles graphies. Qu’elles nous déplaisent ou non, il ne nous appartient plus de les refuser : l’Office québécois de la langue française, comme l’avait fait avant lui l’Académie française, les a reconnues. Cela signifie donc que nous ne pouvons les tenir pour fautives dans une copie d’élève. D’autant que, comme nous le précise Chantal Contant, de plus en plus de logiciels et de livres de référence les suggèrent déjà ou les intègreront à court terme.

Doit-on voir, dans ces modifications, un appauvrissement de la langue, un nivèlement vers le bas ? Érick Falardeau soutient que non, dans une analyse fort intéressante que nous vous présentons. Doit-on y voir une tentative trop hâtive de modifier une langue en mutation, certes, mais en lente transformation ? Certains le croient ; mais Pierrette Vachon-L’Heureux, en nous soumettant ses judicieux conseils sur la féminisation des textes, nous rappelle aussi que la langue peut parfois se modifier sous notre impulsion, pour être plus équitable ou plus juste.

Finalement, dans une recension intéressante, Jean-Pierre Dufresne nous montre que l’étude du texte et celle de la philosophie sont parfois plus semblables qu’on ne pourrait le croire.

Et ce numéro rappelle que, d’un accent supprimé, d’un tréma déplacé, d’un tiret ajouté, naissent des débats enflammés.

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