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Troubles d’apprentissage au cégep: une nouvelle ressource pour comprendre et intervenir

Troubles d’apprentissage au cégep: une nouvelle ressource pour comprendre et intervenir

Correspondance a invité Dave Ellemberg, neuropsychologue clinicien, professeur et chercheur à l’Université de Montréal et à l’Hôpital Sainte-Justine, à mettre en contexte une nouvelle ressource documentaire du CCDMD, lancée le 25 mars 2010 au colloque du Carrefour de la réussite au collégial. Le docteur Ellemberg est spécialement sensible aux mesures d’encadrement offertes à l’ordre d’enseignement collégial pour les jeunes adultes vivant avec des troubles d’apprentissage.

Un enfant d’âge scolaire sur cinq vit avec un trouble d’apprentissage – une condition permanente d’origine neurologique – qui perturbe son rendement en classe. Parmi les différents troubles, les plus répandus sont la dyslexie et la dysorthographie (troubles spécifiques de la lecture et de l’orthographe), qui touchent environ 10 % de la population. Malgré leur belle intelligence et leur vivacité d’esprit, les élèves qui en sont atteints se trouvent souvent placés au quotidien face à l’échec, à la honte et au rejet. Les conséquences de cette dévalorisation se répercutent directement sur le développement de l’estime de soi, la motivation ainsi que le sentiment d’appartenance à l’école. Il n’est donc pas surprenant que près de la moitié de ces élèves interrompent leur scolarité avant la fin du secondaire. J’ai une grande admiration pour ceux et celles dont la résilience leur permet de poursuivre leurs études, ces « combattants » qui se rendent au cégep. Mais ne nous méprenons pas : ces jeunes adultes ont rencontré les mêmes embûches que leurs pairs qui n’atteindront pas le collégial. Et même s’ils montrent parfois des signes de démotivation et de découragement, les cégépiens aux prises avec un trouble d’apprentissage souhaitent tout autant que les autres réaliser leurs ambitions. C’est bien pour cette raison et pour tout ce que ces personnes pourront éventuellement offrir à leur communauté que nous avons le devoir de comprendre leurs besoins et de leur fournir le cadre de réussite qui leur permette de connaître le succès.

Il existe peu de documentation sur la réalité que vivent au collégial les élèves dyslexiques et dysorthographiques, et, dans la formation des maîtres, les stratégies d’intervention à leur intention sont rarement approfondies. Aussi, les enseignants sont souvent pris au dépourvu devant ces apprenants de plus en plus nombreux à atteindre le collégial. Pour leur venir en aide, Mireille Dubois, orthopédagogue (cégep du Vieux Montréal), et Julie Roberge, enseignante de français (cégep Marie-Victorin), ont conçu et écrit le document Troubles d’apprentissage : pour comprendre et intervenir au cégep, constitué d’une vingtaine de fiches qui répondent aux questions des enseignants de français et des responsables des centres d’aide. Elles offrent ainsi un tour d’horizon des troubles d’apprentissage et exposent un certain nombre de stratégies à adopter en classe. La pratique de la lecture et de l’écriture étant bien sûr nécessaire dans l’ensemble des secteurs de la formation collégiale, cette ressource peut être consultée avec profit par tout enseignant et toute enseignante du collégial qui reçoivent dans leur classe des élèves aux prises avec une dyslexie ou une dysorthographie.

Dans leur matériel, les auteures réussissent à rendre accessibles des concepts relativement complexes et à établir des liens avec le vécu scolaire des cégépiens dyslexiques ou dysorthographiques. Elles font également bien ressortir qu’intervenir efficacement auprès de ces élèves n’implique pas nécessairement un alourdissement de la charge de travail pour les enseignants. Les mesures présentées, qui sont déjà en place au sein de plusieurs établissements, soutiennent la réussite en classe et au moment des évaluations. Il faut bien comprendre que ces mesures ne sont en aucun cas des privilèges. Bien au contraire, elles permettent de pallier une situation de handicap. Par ailleurs, le document permet de défaire certains des mythes qui persistent à l’égard de la dyslexie et de la dysorthographie : oui, les jeunes qui en sont atteints disposent bel et bien du bagage intellectuel et de la volonté nécessaires à l’atteinte de leurs buts.

Je suis convaincu que le collégial réunit tous les ingrédients pour redonner le goût d’apprendre à ces élèves chez qui l’espoir de la réussite est fragile. Pour la première fois, ils peuvent, du moins en partie, décider de leurs cours et choisir un horaire plus adapté à leur style d’apprentissage. Ces jeunes, déjà adultes ou presque, ont aussi l’occasion de développer une complicité avec des enseignants qui sauront reconnaître leurs forces et les valoriser. Et mieux ceux-ci seront outillés en ce qui a trait aux troubles d’apprentissage, plus efficaces seront leurs interventions auprès de ces élèves au difficile parcours scolaire.

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