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Un nouveau CAF à l’ITHQ

Un nouveau CAF à l’ITHQ

CAF novateurs

 

La rubrique « CAF novateurs » a l’habitude de présenter des centres d’aide en français (CAF) qui ont la particularité de mettre en place des mesures originales pour venir en aide aux élèves. Cette fois-ci, le cas est quelque peu différent, car le CAF de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) n’est pas tant « novateur » que « nouveau ». En soi, la création d’un CAF adapté à une clientèle très ciblée est nécessairement un acte « innovant ».

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Il y a un an, l’ITHQ confiait à Marie-Ève Desrochers Hogue le mandat d’y créer un centre d’aide. L’enseignante a alors demandé à un chargé de projets du CCDMD de lui envoyer des documents utiles à la mise en place d’un nouveau CAF. Plutôt que de mettre des affiches, des signets et des répertoires Web dans une boite à la poste, nous avons profité de l’occasion pour rencontrer l’enseignante, avec les documents sous le bras.

Elle ne partait de rien, comme on le dit de façon familière. Pas de locaux, pas de livres, pas même d’élèves. Elle s’est mise au boulot dans son petit bureau de la salle des enseignants de l’Institut, prenant le temps qu’il fallait pour bien comprendre la clientèle et les besoins de l’établissement. L’ITHQ, c’est environ 1650 étudiants, dont quelque 530 au collégial. On y trouvait déjà un centre d’aide à la réussite, mais la direction a souhaité former un véritable CAF afin de cibler spécifiquement les problèmes linguistiques des étudiants.

Faire beaucoup avec peu

Dès le départ, Marie-Ève Desrochers Hogue s’est préoccupée d’éviter le gaspillage de papier dans ses pratiques. Il était hors de question de photocopier des centaines de feuilles pour les jeter ensuite. Aussi, elle se promettait de reproduire des documents de façon parcimonieuse. Autre règle qu’elle s’est imposée : le respect des droits d’auteur. Pour cette passionnée des livres, il était inconcevable de reproduire sans scrupules des pages entières de cahiers d’exercices. À cet effet, elle a été sensible à la communication sur la question des droits d’auteur qu’a prononcée Daniel Marquis lors du dernier Intercaf[1].

Faire beaucoup avec peu, tel était son défi. Sa première source d’approvisionnement pour les dictionnaires, guides et grammaires a été la médiathèque de l’ITHQ, qui possédait une bonne collection d’ouvrages consacrés à la langue. Les responsables de ce centre de documentation ont prêté au CAF certains ouvrages de façon à lui constituer un fonds de départ. Si les choses vont bien pour le nouveau centre d’aide, ces prêts pourraient devenir des dons. Marie-Ève Desrochers Hogue a également garni les étagères de quelques-uns de ses ouvrages personnels, comme le font probablement bien d’autres responsables de CAF. Elle a également obtenu un petit budget pour acquérir, notamment, un Multidictionnaire, un Petit Robert et une Grammaire pédagogique du français (de S.-G. Chartrand et collab.). En somme, elle a fait bien peu d’achats pour cette première année.

La nouvelle responsable de CAF a évidemment puisé dans le généreux site Web de l’Amélioration du français du CCDMD et reproduit certains documents PDF. En outre, son local est équipé de deux modestes ordinateurs qui permettront aux étudiants de parfaire leurs connaissances avec le matériel interactif du site ccdmd.qc.ca/fr, tel que les jeux, les parcours guidés et les modules consacrés à la révision et à la relecture de textes.

Pour la prochaine année, la responsable envisage d’autres prêts de la médiathèque et d’autres achats. Elle a aussi entendu parler des Fameuses recettes de grammaire. Elle se promet d’y jeter un coup d’œil, étant donné la métaphore de la cuisine. Bref, elle demeure à l’affut et cherche toutes sortes d’ingrédients pour mieux « nourrir » les étudiants.

Profiter d’un réseau d’entraide

Étant elle-même diplômée du Cégep du Vieux Montréal, l’enseignante n’a pas hésité à aller rencontrer les gens du CAF du « Vieux », à deux pas de son établissement. On l’a bien accueillie et on lui a donné la possibilité de reproduire des exercices de la banque de ce CAF, qui est des mieux organisée. Comme elle travaillait au CAF du Collège de Maisonneuve au moment de la création du centre d’aide de l’ITHQ, elle a pu également obtenir dans cet établissement du soutien pour son projet. Bref, elle a su créer un réseau qui l’a inspirée dans sa démarche. Ce réseau d’entraide, c’est aussi la rencontre Intercaf 2011, à laquelle elle a participé en présentant un bref compte rendu de son expérience.

Constater les premiers résultats

Marie-Ève Desrochers Hogue est très satisfaite de la toute première session de son CAF, qui a eu une bonne fréquentation (comme la plupart des CAF du réseau, ce qui n’est finalement pas étonnant). Vingt-trois élèves se sont inscrits au suivi hebdomadaire, dont six étaient du secondaire – une singularité : l’ITHQ couvre plusieurs ordres d’enseignement. Une campagne de publicité menée dans l’édifice de la rue Saint-Denis aura sans doute fait son effet, mais ce sont la tournée des classes et le kiosque d’information qui ont amené, semble-t-il, le plus d’élèves au CAF.

L’enseignante a de plus beaucoup apprécié l’appui de la direction de l’ITHQ, des conseillers pédagogiques et de ses collègues enseignants. Deux d’entre eux l’ont épaulée en donnant quelques heures au CAF pour des consultations ponctuelles. À l’avenir, elle aimerait pouvoir mettre en place un système de monitorat.

Elle a par ailleurs offert ses services à ses collègues pour les aider à améliorer leurs compétences linguistiques. Le CAF de l’ITHQ emprunte donc déjà la tendance qui consiste à faire de ce service un véritable carrefour de formation visant la valorisation de la langue dans l’ensemble de la communauté de l’établissement, autant auprès des étudiants que des enseignants, toutes disciplines confondues.

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Marie-Ève Desrochers Hogue poursuit l’aventure cet automne, la tête pleine d’idées. Elle a su démontrer qu’un CAF qui fonctionne bien est un CAF nécessairement novateur. Un mot pour expliquer ses bons résultats : débrouillardise.

UN APPUI DE LA DIRECTION

Il faut nuancer lorsqu’on dit que Marie-Ève Desrochers Hogue est partie de rien pour créer son CAF : à l’ITHQ, la table était mise (sans jeu de mots) pour la création d’un CAF. Pour Jasmin Tanguay, chef du Service des programmes de l’ordre collégial de l’ITHQ, cette initiative s’inscrivait dans une volonté très affirmée de valoriser la langue auprès des étudiants.

« On sait que la maitrise de la langue est un indicateur important de la réussite scolaire », rappelle M. Tanguay. L’ITHQ a, selon lui, d’autres raisons de se préoccuper des questions linguistiques : « Nous formons des gens pour exercer des métiers centrés sur la communication. Quand on transige avec les clients, la direction d’un hôtel ou le personnel d’une cuisine, il faut savoir communiquer dans un français correct. »

Le CAF ne suffit pas. « Nous faisons beaucoup de petites interventions sur la question de la valorisation de la langue de manière à être certains de rejoindre nos étudiants, qui ont des horaires extrêmement chargés. Ce n’est pas que la réussite à l’épreuve uniforme de français qui nous préoccupe, nos actions s’inscrivent dans un cadre plus large. Nous travaillons, par exemple, sur une politique uniforme de correction, avec les enseignants de toutes les matières. » À ce sujet, Jasmin Tanguay émet une hypothèse intéressante : « Un enseignant de cuisine qui corrige les erreurs de français dans une recette a peut-être plus d’influence sur l’étudiant que si c’était fait par un enseignant de littérature. »

  1. NDLR – L’article de Daniel Marquis dans le présent numéro reprend en substance cette communication prononcée en mai 2011 au cégep de Limoilou. [Retour]

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