Le Réseau Repfran a 10 ans!

Les repfrans, ce sont les répondantes et répondants du dossier du français ou, pour être plus précis, les responsables du dossier de la valorisation et de l’amélioration des compétences langagières dans leur collège — des compétences transversales essentielles à la réussite, comme le rappellent le Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur (PARES) du ministère de l’Enseignement supérieur (2021) et le rapport La réussite au cégep : regards rétrospectifs et prospectifs de la Fédération des cégeps (2021). Or, comprendre et produire différents discours, ce sont là des compétences complexes, voire tentaculaires, qui demandent que l’on y consacre du temps… et des ressources.

Un peu d’histoire

C’est dans cet esprit qu’en 2011, à la fin juin, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport envoie aux directions générales des collèges publics et privés subventionnés francophones une lettre les informant de « l’établissement d’un cadre de mesures […] visant la mise en place d’une offre accrue de services permettant d’améliorer la maitrise du français dans les collèges francophones et anglophones » (Piché, 2011). Ce cadre, d’abord en vigueur pour une période de cinq ans, ratisse large : les mesures doivent soutenir les étudiants et étudiantes, le personnel enseignant de toutes les disciplines ainsi que toute la communauté collégiale.

À l’époque, plusieurs collèges ont déjà instauré des mesures en ce sens et ont nommé une ou des personnes responsables des divers dossiers liés à la valorisation du français. Au retour des vacances, certaines d’entre elles prennent l’initiative « d’organiser une rencontre informelle avec quelques-uns de [leurs] pairs dans le but d’échanger des idées sur [leurs] pratiques. Mais l’invitation a fait boule de neige » (Carle et Roberge, 2012). Le 14 octobre 2011, une quarantaine d’intervenantes et intervenants (enseignantes et enseignants de français, conseillères et conseillers pédagogiques) se réunissent au collège Montmorency pour discuter des enjeux soulevés par l’amélioration de la maitrise de la langue, tant à l’échelle du collège que dans les cours de français et dans les autres cours. Quelques mois plus tard, un sous-comité propose la mise sur pied d’un réseau des intervenantes et intervenants responsables de la valorisation du français dans les collèges.

Ensemble, on va plus loin… et on y va plus vite!

Fort de son expérience avec le Réseau Repcar, fondé en 2005, le Carrefour de la réussite au collégial accepte de soutenir cette nouvelle communauté d’intérêts et organise une première rencontre officielle dès l’automne 2012, sous le thème « Réseauter pour mieux intervenir dans nos collèges » (Ruest, 2013). Depuis, les repfrans se réunissent chaque trimestre pour mettre en commun des approches, des pratiques ou des stratégies inspirantes. Le réseau compte en tout une centaine de membres, soit au moins une personne par collège. Ensemble, ils et elles s’ingénient à trouver des moyens de valoriser le français dans les collèges et, ultimement, d’améliorer la maitrise du français des étudiantes et des étudiants.

Les communautés de pratique du Carrefour de la réussite adoptent une approche résolument « réseau ». Leur objectif est de réunir des personnes qui travaillent sur les mêmes dossiers pour faciliter le partage de l’expertise, de l’expérience, des idées, des pratiques, des outils, des ressources. Journées thématiques en présence ou en ligne, webinaires, cafés virtuels, plateforme collaborative qui permet les échanges, le partage de documents et la consultation rapide des collègues des autres collèges : c’est un véritable réseau de soutien et d’entraide. C’est d’ailleurs « [l]e sentiment d’isolement des uns conjugué au désir de partager des autres [qui] est en partie à l’origine de la formation “spontanée” » (Carle et Roberge, 2012) de la communauté Repfran.

Valoriser le français, améliorer les compétences langagières

Dans leur collège, les repfrans ont pour rôle de promouvoir et de valoriser l’usage d’un français de qualité. Cela passe par les politiques du collège (politique linguistique, politique d’évaluation des apprentissages, politique d’embauche du personnel), qui témoignent de la volonté de l’établissement, mais se déploient grâce à des mesures concrètes — et à beaucoup de créativité, de patience et de persévérance, disons-le.

Au cours des dix dernières années, les repfrans ont multiplié les formations, les ateliers, les collaborations avec les équipes-programmes, les plateformes d’autoformation, les outils et les stratégies de toutes sortes. On les consulte sur une foule de sujets, de l’accord du participe passé au « calcul des fautes » en passant par les politiques départementales et, plus récemment, la communication non binaire. Ils et elles ont décortiqué les compétences langagières pour en favoriser l’enseignement et l’évaluation dans toutes les disciplines, et l’ont fait en toute collégialité, dans un échange continu où les pratiques se nourrissent et s’enrichissent les unes les autres.

Des repfrans ont développé une expertise en stratégies de rédaction dans la formation spécifique, d’autres en littératie disciplinaire; certains ont réinventé les cours et les mesures d’aide en français, d’autres encore se sont penchés sur les compétences en communication orale ou sur l’utilisation judicieuse du correcticiel Antidote. L’amélioration des compétences en français de la population étudiante allophone et anglophone nous a interpelés dès le début, tout comme les défis de la transition secondaire-collégial en ce qui a trait à la maitrise de la langue. La communauté de pratique permet encore aujourd’hui de « ratisser large », comme le proposait le cadre ministériel de 2011, et comme l’exige la complexité des compétences langagières. Les repfrans sont des personnes-ressources essentielles dans leur collège… et dans le réseau collégial. Ce sont la diversité et la richesse des expertises, la collaboration et la réflexion collective qui nous permettent d’aller plus loin et d’y aller plus vite.

Longue vie au Réseau Repfran!

Il y a 10 ans, Stéphanie Carle et Julie Roberge souhaitaient que la communauté des repfrans, issue de la volonté des deux intervenantes, « puisse être le lieu d’échanges structurés et animés, mais surtout fructueux et profitables pour l’ensemble du réseau collégial ». Partagé à l’époque par un nombre important de répondants et de répondantes dans les collèges, le souhait de nos collègues a clairement été exaucé, en témoignent les articles des repfrans publiés au fil des ans dans Correspondance, précieux collaborateur de la première heure. Nous profitons de cette tribune, une fois de plus, pour remercier et saluer tous les repfrans et tous leurs alliés, qui ont contribué et qui contribuent encore à la vitalité du réseau et à la vivacité d’une réflexion toujours aussi enthousiaste, toujours en mouvement.