Pour tout bagage, on a vingt ans
L’histoire débute à la veille de l’instauration de l’Épreuve uniforme de français, dans la foulée de la réforme des programmes collégiaux de 1993. Le développement des habiletés rédactionnelles attendues des élèves à l’épreuve ministérielle, la restructuration des cours de français et la mise en œuvre de l’approche par compétences instituée par le Renouveau pédagogique se trouvent alors au cœur des discussions dans les départements de français. Ce changement de « décor » pédagogique dans le réseau fera vite ressortir un élément important : la nécessité que les enseignantes et les enseignants de français disposent d’un outil de communication intercollégial. Correspondance verra ainsi le jour, sous l’impulsion de Charles Gravel, à l’époque responsable du programme de français au CCDMD[1].
Au terme de l’an un de la publication, Charles Gravel et Diane Dery, directrice éditoriale de la première heure, confirment la pertinence de ce « lieu de convergence qui facilite les échanges et la concertation entre collègues, préoccupés plus que jamais par la question névralgique de l’amélioration du français dans les collèges[2] ». Deux décennies plus tard, la valorisation de la langue reste un sujet chaud dans le réseau; et la noble mission de notre bulletin de liaison demeure. Le présent numéro, bien nourri, et les quelque 600 articles publiés à ce jour, colligés pour la plupart sur le site de Correspondance, en témoignent éloquemment.
Un survol du site en dit long sur les soucis, les obsessions collectives – de l’homophone au mot juste, en passant par la phrase de base –, les bonheurs et les déconvenues parfois d’un milieu jamais statique. S’en dégagent surtout les grands enjeux de la valorisation de la langue que les collèges doivent affronter depuis 20 ans.
Les mesures de soutien en français constituent le noyau dur de Correspondance. Dès sa création, le bulletin participe à l’essor des centres d’aide en français en relayant les témoignages et en soulignant les pratiques innovantes. Ainsi, des personnes formées pour enseigner la littérature s’intéressent à la didactique de l’écrit et développent une expertise nouvelle.
L’Épreuve uniforme fait également l’objet de réflexions récurrentes. On veut comprendre l’opération comme telle, on s’intéresse aux critères d’évaluation, on discute des échecs répétés, on commente les formules d’aide spécifiques à la réussite de l’épreuve, on réfléchit à l’importance grandissante de l’exercice de la dissertation au regard de l’enseignement de la littérature et, plus récemment, on s’interroge sur les conditions de passation dans le contexte d’une société numérique.
Au tournant de l’an 2000, Correspondance se fait l’écho d’une autre réalité avec laquelle l’ordre collégial doit composer : les nouvelles cohortes auront reçu, en principe du moins, un enseignement du fonctionnement de la langue selon les principes de la grammaire rénovée.
Dans les numéros des dernières années, on remarque un intérêt particulier pour les besoins des élèves néofrancophones, ou encore, de ceux et celles atteints de troubles d’apprentissage, qui tous convergent toujours en plus grand nombre vers les centres d’aide en français. Là encore, il faut souligner le désir d’apprendre des enseignantes et des enseignants de français, qui consultent des spécialistes, partagent leurs collectes d’information, pointent les besoins et développent des stratégies pour enrichir les milieux de pratique.
Depuis peu aussi, on voit davantage s’exprimer dans les pages du bulletin la volonté d’outiller les profs qui enseignent d’autres matières que le français pour les rendre aptes à développer les habiletés scripturales des élèves dans leurs programmes respectifs. L’article intitulé « Vers une pédagogique de la langue dans toutes les disciplines[3] » augurait favorablement en 1997 de cette tendance confirmée aujourd’hui. Le présent numéro rassemble d’ailleurs trois articles sur des initiatives allant dans ce sens.
L’ensemble de ces manifestations dans nos pages au fil de ces 20 ans atteste sans contredit le dynamisme du réseau collégial. Que tous les collaborateurs et collaboratrices qui, ponctuellement ou de façon régulière, partagent leurs observations, leurs savoirs et leurs questionnements avec le lectorat de Correspondance soient ici remerciés pour leur engagement envers leur communauté de pratique. Un remerciement tout particulier aux personnes qui, avant moi, se sont succédé à la barre du bulletin – Diane Dery, Huguette Maisonneuve, Lynn Lapostolle, Robert Charbonneau, Julie Roberge[4], Agnès Grimaud, Lucie Libersan –, s’y employant à maintenir ou à renouveler les contributions, à imprimer leur marque à Correspondance, à lui faire prendre du volume, à renforcer sa crédibilité dans le réseau et même au-delà, auprès des futurs maitres des facultés d’éducation, de même que des professionnels des ordres d’enseignement secondaire et universitaire du Québec ou d’ailleurs dans la francophonie.
Longue vie à Correspondance !
L’équipe de l’amélioration du français, au CCDMD, doit dorénavant composer avec une chargée de projets en moins. Isabelle Dufour, qui devait prendre le relai de Lucie Libersan à la direction de Correspondance, est retournée à ses activités de conseillère pédagogique en raison d’une réorganisation du personnel.Depuis janvier 2013, Isabelle aura orchestré les éditions de l’Intercaf de Sherbrooke et de Shawinigan – deux rencontres fort réussies, stimulantes et formatrices pour le réseau.
Mentionnons également sa contribution importante au matériel multimédia très attendu Tutorat, se former à la relation d’aide par les pairs. Le travail productif d’Isabelle, aussi méthodique que créatif, aura été hautement apprécié; sa brillante et agréable compagnie nous manque déjà. Nous te souhaitons une excellente continuation, Isabelle!
- Il nous plait ici de rappeler que Charles Gravel recevait, en 2010, le prix Gérald-Sigouin de l’Association québécoise de pédagogie collégiale, en reconnaissance de son apport déterminant à l’élaboration des nombreux outils d’amélioration du français du CCDMD et en raison de l’importance de ceux-ci dans la pédagogie du français écrit au sein du réseau collégial. [Retour]
- Diane Dery et Charles Gravel, « Correspondance en vacances », Correspondance, vol. 1, nº 3. [Retour]
- De Francine Bergeron et Colette Buguet-Melançon, Correspondance, vol. 2, nº 3, p. 2 et 3. [Retour]
- Le réseau collégial a la chance de compter deux Julie Roberge exceptionnelles. Ici, il s’agit de celle du collège Marie-Victorin. [Retour]
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