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Analyser une description de l’automne dans «Maria Chapdelaine» de Louis Hémon en suivant les pistes de la grammaire de la phrase, du texte et de l’énonciation

Analyser une description de l’automne dans «Maria Chapdelaine» de Louis Hémon en suivant les pistes de la grammaire de la phrase, du texte et de l’énonciation

Dans le chapitre VIII de Maria Chapdelaine, Louis Hémon fait une description sentie de la coloration et de la chute des feuilles à l’automne. Il présente ce phénomène naturel non seulement comme un tableau « d’une beauté miraculeuse », mais aussi, et surtout, comme un spectacle théâtral grandiose, dont la fin tragique amplifie la magnificence.

[…] Tout au long d’octobre les jours de gel et les jours de pluie alternèrent, cependant que[2] la forêt devenait d’une beauté miraculeuse. À cinq cents pas de la maison des Chapdelaine la berge de la rivière Péribonka descendait à pic vers l’eau rapide et les blocs de pierre qui précédaient la chute, et de l’autre côté du courant la berge opposée montait comme un amphithéâtre de rocher en coteau, de coteau en colline, mais comme un amphithéâtre qui se prolongeait sans fin vers le nord. Du feuillage des bouleaux, des trembles, des aunes, des merisiers semés sur les pentes, octobre vint faire des taches jaunes et rouges de mille nuances. Pour quelques semaines le brun de la mousse, le vert inchangeable des sapins et des cyprès ne furent plus qu’un fond et servirent seulement à faire ressortir les teintes émouvantes de cette autre végétation qui renaît avec chaque printemps et meurt avec chaque automne. La splendeur de cette agonie s’étendait sur la pente des collines comme sur une bande sans fin qui suivait l’eau, s’en allant toujours aussi belle, aussi riche de couleurs vives et tendres, aussi émouvante, vers les régions lointaines du nord où nul oeil humain ne se posait sur elle.

Mais voici que du nord vint bientôt un grand vent froid qui ressemblait à une condamnation définitive, à la fin cruelle d’un sursis, et présentement[3] les pauvres feuilles jaunes, brunes et rouges, secouées trop durement, jonchèrent le sol ; la neige les recouvrit et le sol blanchi ne connut plus comme parure que le vert immuable des arbres sombres, qui triomphèrent, pareils à des femmes emplies d’une sagesse amère, qui auraient échangé pour une vie éternelle leur droit à la beauté. […]

Louis Hémon, Maria Chapdelaine

A. Un tableau d’une beauté miraculeuse

  1. Repérez toutes les reprises du GN « la forêt » et classez-les. Nommez le moyen de reprise utilisé.
  2. Relevez le GN synthétique qui résume tout le premier paragraphe. Justifiez sa valeur de synthétique.
  3. Relevez les adjectifs qualifiants, puis regroupez-les en sous-ensembles (ceux qui marquent un point de vue positif, un point de vue négatif, un point de vue neutre).
  4. Dans le premier paragraphe, surlignez les deux phrases qui permettent de voir le lieu où se passe la scène. Montrez comment l’enrichissement de la phrase contribue à la richesse du tableau.

Vous pourrez ainsi montrer que la coloration des feuilles à l’automne constitue un véritable tableau et que ce tableau ne laisse pas le locuteur indifférent.

B. Un spectacle théâtral grandiose

  1. Surlignez les éléments qui marquent la durée de l’événement.
  2. Relevez tous les verbes employés au passé simple et encadrez leur sujet. Montrez que le passé simple permet de faire ressortir l’action et les acteurs qui y sont associés.
  3. Portez une attention particulière à l’organisateur logique qui relie les deux paragraphes et à la syntaxe des phrases environnantes.

Vous parviendrez ainsi à suivre le déroulement du spectacle théâtral.

VOIR LE CORRIGÉ

* * *

  1. L’analyse des procédés stylistiques (figures de style) et lexicaux a volontairement été omise, l’intention étant d’expérimenter seulement les pistes de lecture renouvelées par la « grammaire nouvelle ». (Voir l’article « Analyse formelle d’un texte littéraire : le statu quo est-il possible ? », paru dans Correspondance, vol. 9, no 1.) Retour
  2. Cependant que : (v.1880) Locution conjonctive liant les valeurs de « contemporanéité » et « opposition ». Le Robert : Dictionnaire historique de la langue française. Retour
  3. Présentement est employé au sens probable de dès lors. Ce sens n’est pas attesté dans les dictionnaires. Retour

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