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«Que la phrase se rhabille!»: un logiciel de maturation syntaxique

«Que la phrase se rhabille!»: un logiciel de maturation syntaxique

Écriture et pauvreté syntaxique

Luc va à l’école. Il passe près du beau sapin. Il salue son professeur. Son chien Fido trotte derrière lui…

Qui n’a pas connu Luc ou René ([qui] joue avec son ballon), dont les « aventures » quotidiennes remplissaient les pages de nos premiers livres de lecture ? À côté des naïves images qui les illustraient, les courtes phrases racontaient. Leur brièveté, leur simplicité, leur dépouillement suffisaient à nos jeunes esprits tout neufs, qui découvraient pour la première fois la magie des mots et de la lecture.

Ce qui étonne, c’est que, une douzaine d’années plus tard, plusieurs élèves en soient encore à rédiger des phrases syntaxiquement similaires. Ainsi, ce paragraphe d’un cégépien :

Entrons dans le parc. On est frappé par l’éclat et la fraîcheur de la végétation. La variété de cette végétation rappelle celle du Jardin botanique…

On constate que chacune de ces trois phrases est réduite à sa plus simple expression : contenu minimal, syntaxe minimale, invariablement empruntée à la même structure sujet-verbe-complément, ce qui, lorsqu’on en abuse, confère au texte un effet de monotonie assuré.

Un apprentissage simple et facile

C’est pour aider les élèves à rédiger des phrases plus longues, riches et bien construites que le logiciel de maturation syntaxique Que la phrase se rhabille ! a été conçu. Basé sur les règles de la grammaire « nouvelle », le logiciel développe avec clarté et simplicité une stratégie d’enrichissement de la phrase. Il amène l’élève à faire une découverte aussi simple qu’étonnante : c’est par l’ajout de compléments de nom et de compléments de phrase que l’on parvient à allonger la phrase.

Pour illustrer la simplicité de cette stratégie, revenons au paragraphe de notre élève et convenons que la deuxième phrase sera la phrase de base : On est frappé par l’éclat et la fraîcheur de la végétation.

La première phrase peut être transformée en une subordonnée complément de phrase :

  • En entrant dans le parc (subordonnée participiale)
  • Lorsqu’on entre dans le parc (subordonnée à verbe conjugué)
  • Dès l’entrée dans le parc (groupe prépositionnel)

La troisième phrase peut être transformée en une subordonnée relative, complément du nom végétation :

  • Dont la variété rappelle celle du Jardin botanique.

Ainsi, par l’ajout à la phrase de base d’un complément de phrase et d’un complément de nom, voici nos trois phrases transformées en une seule phrase, plus longue et enrichie sur le plan des relations syntaxiques :

En entrant dans le parc, on est frappé par l’éclat et la fraîcheur de la végétation, dont la variété rappelle celle du Jardin botanique.

Déroulement du logiciel

Le logiciel s’ouvre sur une première animation, où l’on voit — accompagnée par une musique de striptease — une phrase de plus de 50 mots perdre un à un ses enrichissements pendant qu’un arbre — qui tient lieu de métaphore — perd ses feuilles. Il ne reste plus à la fin qu’un arbre nu et la phrase minimale : L’arbre était nu.

Vient ensuite une seconde animation où, inversement, une narratrice explique le processus par lequel la phrase de base L’arbre était nu peut recevoir des enrichissements et gagner ainsi en maturité syntaxique.

Après ces animations, l’élève arrive au coeur du logiciel : le parcours d’apprentissage et le parcours d’application. Ces deux parcours sont essentiellement constitués d’exercices qui permettront à l’élève de maîtriser la stratégie fondamentale d’allongement de la phrase.

Par le parcours d’apprentissage, l’élève acquiert les connaissances minimales nécessaires en apprenant à différencier les formes syntaxiques qui enrichissent la phrase, puis à les repérer et à les nommer.

Le parcours d’application invite l’élève à appliquer ses nouvelles connaissances en lui soumettant des paragraphes pauvres, qu’il doit enrichir selon la méthode indiquée précédemment. De plus, l’élève est à même de constater les effets stylistiques qu’il peut obtenir par le déplacement de certains compléments.

À la fin de chaque parcours, l’élève doit passer un test après lequel, moyennant réussite, il obtient une attestation de succès qu’il peut imprimer.

Plusieurs rubriques apparaissent au menu, que l’élève peut consulter en tout temps. Les rubriques « Théorie » et « Glossaire » constituent, notamment, une aide précieuse pour l’aider à bien faire son travail.

Conclusion

On a souvent tendance à croire que la clé pour une syntaxe parfaite consiste à rédiger des phrases courtes ; on va même parfois encourager les élèves à suivre cette pratique. C’est oublier qu’il n’existe pas de phrases trop longues : il n’existe que des phrases mal construites ; c’est oublier aussi qu’une phrase bien étoffée, si elle est correctement structurée, apporte une grande richesse à la pensée.

Une des clés pour une syntaxe enrichie se trouve peut-être dans le logiciel Que la phrase se rhabille !

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CLÉMENT, Gaëtan. Que la phrase se rhabille !, Montréal, [Logiciel], Micro-Intel et CCDMD, 2000, cédérom.

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