2024 © Centre collégial de développement de matériel didactique

Francojeu des cégeps 2018: on célèbre la vivacité de la parole!

Depuis déjà 13 ans, le CCDMD prend part à la Francofête du printemps en proposant le Francojeu, un concours qui s’inspire des 10 mots mis en vedette lors de cet évènement qui célèbre les richesses de la langue française.

Depuis 2014, le Francojeu s’affiche sur la populaire plateforme Facebook[1] et est exclusivement destiné aux cégépiens et aux cégépiennes, ainsi qu’aux membres du personnel enseignant et non enseignant du réseau collégial. Au cours de ses quatre dernières éditions, le concours en ligne a reçu plus de 10 000 visites et suscité plus de 1 500 participations, et 60 personnes ont remporté des prix offerts notamment par Druide informatique, COOPSCO et les éditions Le Robert. Près de 1 300 personnes ont proposé au jury du concours soit un néologisme (2014), soit un emprunt sans équivalent français (2015), ou encore, un régionalisme (2016) ou un « technologisme » (2017). Chaque année, la personne qui propose le mot sélectionné par le jury remporte un prix d’une valeur de 500 $, offert par l’Office québécois de la langue française (OQLF), doublé depuis 2017 d’un logiciel Antidote, offert par Druide informatique.

Les 10 mots vedettes de la Francofête, qui sont au cœur du Francojeu, sont déterminés par le réseau OPALE, qui regroupe des organismes de la France, de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Suisse romande, du Québec et de l’Organisation internationale de la francophonie. Les membres du réseau choisissent ces mots en collégialité. L’an passé, il s’agissait d’un champ lexical appartenant à l’univers du web, soit des néologismes qui témoignaient de la capacité de la langue française à s’adapter et à s’enrichir de mots et de sens nouveaux.

Des mots qui parlent

Cette année, les 10 mots vedettes portent sur l’oralité. Ils célèbrent la vivacité de la parole et illustrent les diverses dimensions de la communication orale. Ce sont : accent, bagou, griot / griotte, jactance, ohé, placoter, susurrer, truculent / truculente, voix, volubile.

On placote, on discourt, on est en verve, on a de la jasette, on susurre des mots doux, on a du bagou, on se tient coi… Bref, il existe une grande quantité d’expressions, qu’elles soient recherchées, courantes ou familières, qui décrivent nos multiples comportements langagiers. Cette thématique a inspiré au CCDMD la création d’un jeu-questionnaire intitulé Des mots qui parlent! et qui invite en quelque sorte à une réflexion d’ordre métalinguistique : on observe les mots qui parlent… de la parole.

Des mots vedettes

Le jeu-questionnaire propose d’abord une activité qui éclaire le sens des 10 mots vedettes. Il s’agit simplement d’associer ceux-ci à des énoncés parfois imagés, rédigés à la manière des définitions de mots croisés. Les cas de bagou, griot, jactance et truculent, d’usage plus rare, représenteront sans doute un petit défi pour certains participants.

Des mots qui ont du vécu

Une courte activité permet ensuite d’en savoir davantage sur l’origine de certains mots vedettes. On y apprend notamment que le nom accent, qui renvoie à la musicalité de la langue, possède des racines communes avec le verbe chanter et que le nom bagou vient de gueule, comme goulot et engloutir. Les mots de la Francofête deviennent ainsi un prétexte pour réfléchir à la dimension étymologique de notre vocabulaire.

Des mots qui vont très bien ensemble

Une troisième activité porte sur les combinaisons lexicales fixées par l’usage. On s’attarde au cas de quelques mots vedettes, dont le verbe susurrer (susurrer des mots doux, des secrets, des confidences; susurrer à l’oreille, dans le creux de l’oreille) et l’adjectif truculent (un discours, un dialogue, un vocabulaire truculent; une verve, une prose truculente; des propos truculents). Cet exercice sensibilise les participants à la notion de cooccurrences dans la langue.

Des mots bavards (ou pas)

Parmi les mots vedettes, bagou, jactance et volubile font référence à une parole abondante. Ainsi, une activité amène les participants à explorer d’autres noms ou adjectifs qui évoquent aussi un discours généreux, voire trop bavard (loquace, prolixe, faconde, logorrhée) ou, au contraire, une parole plus discrète ou même absente (taciturne, laconique, coi). On voit que le lexique, qu’il soit soutenu ou plus courant, se révèle riche pour parler de la communication et du silence.

Des voix qui portent

Dans cette édition du Francojeu, on se transporte également sur le continent africain, par l’intermédiaire du mot vedette griot (ou griotte). Les griots sont les porteurs de la tradition orale au Sénégal, en Guinée, au Tchad et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. On en profite pour s’intéresser à ces personnes dont le rôle est de communiquer en utilisant toutes les ressources de la langue. Tribuns, journalistes, porte-paroles, conteurs et conteuses, slameurs et slameuses, notamment, remplissent socialement des fonctions analogues à celles du griot africain : leur occupation consiste à transmettre des idées, des émotions, des informations, des histoires, grâce à la parole.

Un mot à 500 $

La dernière activité du Francojeu sollicite traditionnellement la créativité des participants. Ainsi, ceux-ci sont cette année invités à inventer une expression française qui remplacerait des anglicismes en lien avec le thème, soit les expressions anglaises pep talk, small talk, standup (comic), talkshow, running gag et caller (une réunion).

Un jury formé de cinq personnes, dont un terminologue de l’OQLF, sélectionnera la création lexicale jugée la plus ingénieuse, et son auteur ou auteure remportera 500 $ et un logiciel Antidote. L’année dernière, les participants ont fait preuve de beaucoup d’inventivité en proposant quelque 250 « technologismes », c’est-à-dire des mots nouveaux désignant des réalités technologiques. La suggestion suivante a remporté le grand prix du jury :

PHILOCIDER
Le mot philocider a été créé en remplacement de l’anglicisme unfriender. Pour former ce néologisme, Jean-Mathieu Montpetit (étudiant au cégep régional de Lanaudière à Joliette) a astucieusement assemblé les éléments grec et latin philo‐ (« ami ») + –cide (« tuer »). Exemple : J’ai fait le ménage dans mes contacts Facebook, j’en ai philocidé un grand nombre.

Le terme difflusion (pour streaming ou diffusion en flux) remportait le deuxième prix et identiqueter (pour taguer) le troisième. Cette dernière création a d’ailleurs retenu l’attention de l’OQLF, qui l’a intégrée à son Grand dictionnaire terminologique!

identiqueter - Extrait du Grand dictionnaire terminologique

Extrait du Grand dictionnaire terminologique

Passez le mot!

Le Francojeu est un outil d’animation de la communauté collégiale. Ainsi, les intervenants des centres d’aide en français et les enseignants de langue et littérature peuvent encourager leurs collègues et les étudiants à y participer. Les équipes responsables des activités de valorisation de la langue dans les établissements collégiaux peuvent également exploiter le concours en projetant le jeu-questionnaire sur un écran dans un espace public (à la cafétéria, au café étudiant, à l’agora, à la bibliothèque, etc.) et en invitant l’auditoire à répondre à main levée ou au moyen de télévoteurs.

Les activités proposées font appel aux intuitions linguistiques et à la créativité des participants, elles n’exigent aucune érudition. Si le Francojeu demeure une simple activité ludique à réaliser dans le cadre de la Francofête, le CCDMD souhaite néanmoins que ce divertissement soit l’occasion d’une réflexion sur les possibilités expressives du français et stimule la curiosité des jeunes et moins jeunes par rapport à la langue.

Pour jouer au Francojeu, on se rend à l’adresse suivante : francojeu.ccdmd.qc.ca. Cette année encore, une quinzaine de gagnants se partageront un lot de prix d’une valeur de près de 2 000 $. Que ce Francojeu sur le thème de la parole fasse parler de lui!

Affiche Francojeu 2018

Pour recevoir des affiches de l’édition 2018 du Francojeu des cégeps, communiquez avec Dominique Fortier à l’adresse suivante dfortier@ccdmd.qc.ca.

* * *

  1. Le concours Francojeu est ouvert à tous les membres de la communauté collégiale, que les participants disposent ou non d’un compte Facebook. [Retour]

Télécharger l'article au format PDF

UN TEXTE DE