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Retour sur le 25e Intercaf

Retour sur le 25e Intercaf

La valorisation de la langue : un défi collectif

Les 27 et 28 mai dernier, le cégep de Drummondville accueillait le 25e Intercaf. Plus de 80 participants d’une quarantaine d’établissements collégiaux et universitaires ont répondu à l’invitation conjointe du CCDMD et du cégep hôte, et ont assisté à ces deux journées sous le thème La maîtrise de la langue : et si tout le monde s’y mettait ?

Comme l’ont fort justement souligné dans la présentation d’ouverture Denise Jamison, directrice des études du cégep de Drummondville, et Bernard Dionne, directeur du CCDMD, même si les responsables des CAF et les enseignants de français ont un rôle majeur à jouer dans la valorisation de la langue, cet objectif représente un défi institutionnel qui exige la mobilisation de tous les acteurs, y compris des directions, pour que les mesures de soutien se déploient dans les établissements. Les conférences et ateliers ont permis de découvrir différentes initiatives entreprises en ce sens dans les cégeps.

Un projet rassembleur

La présentation d’ouverture, donnée par Lucie Libersan et Robert Claing (collège Ahuntsic), portait sur leur projet Stratégies d’écriture pour les cours de la formation spécifique. Ce projet s’inscrit tout à fait dans la perspective du colloque. L’objectif premier des auteurs est en effet d’offrir aux élèves et aux enseignants de toutes les disciplines du matériel pédagogique portant sur les différents genres de textes en usage dans leurs cours. À cette fin, ils ont sollicité la collaboration des enseignants de la formation spécifique des collèges et récolté un large éventail de textes de diverses factures, provenant de 38 programmes, qu’ils ont regroupés en 15 genres. En analysant le corpus de 300 textes ainsi formé, ils ont déterminé une « configuration linguistique » propre à chacun des 15 genres. Leur grille d’analyse révèle, par exemple, une proximité linguistique et discursive entre des textes aussi différents en apparence qu’un curriculum vitae et un dépliant publicitaire ; ces genres présentent en effet des similitudes étonnantes sur le plan de l’intention de communication, si bien que leur élaboration implique des stratégies similaires.

On peut déjà imaginer comment le matériel qui découlera de cette analyse (éventuellement accessibles aux enseignants et aux élèves sur le site du CCDMD), pourra simplifier le travail de rédaction de ces derniers. (NDLR – Pour en savoir davantage sur les travaux de Lucie Libersan et de Robert Claing, voir l’article de Mme Libersan dans le présent numéro.)

Un bilan positif

Josée Lafleur, coordonnatrice du Carrefour de la réussite, a par la suite présenté un bilan du 6e colloque du Carrefour de la réussite au collégial, qui a eu lieu les 25 et 26 mars dernier.

La thématique de ce colloque portait aussi sur la valorisation de la langue : Maîtriser davantage sa langue : du défi au plaisir. Mme Lafleur a exposé quelques résultats[1] d’un sondage confié à la firme CROP et mené auprès de plus de 1800 élèves de quatre cégeps sur « leurs attitudes à l’égard de la langue française, sur la perception de leur compétence, sur leurs habitudes de lecture et d’écriture, sur la fréquence d’utilisation d’outils, sur la fréquence d’utilisation des nouvelles technologies de communication et leur impact sur la qualité de la langue et, enfin, sur l’identification des pratiques d’enseignement au collégial ».

Ce sondage a offert des pistes de réponse aux questions que directeurs généraux, directeurs des études, cadres, professionnels et enseignants à l’ordre collégial se sont posées à cette occasion : Quelles sont les conditions nécessaires pour créer l’engagement étudiant vers une plus grande maîtrise de la langue ? Comment susciter et soutenir cet engagement ? Comment amener les élèves non seulement à relever ce défi, mais à y trouver du plaisir ?

Mission… possible

La matinée de vendredi a démarré avec une table ronde sur la responsabilité partagée de la valorisation de la langue. L’animatrice était Julie Roberge, enseignante au Département de français du cégep André-Laurendeau et chargée de projet à l’animation de la politique de valorisation de la langue de son collège. Cette table ronde regroupait six intervenants du réseau engagés dans des projets en lien avec le sujet : Suzanne Beauchemin (cégep du Vieux Montréal), Nathalie Marier (cégep de Victoriaville), Colette Ruest (cégep de Trois-Rivières), Fanny Kingsbury (cégep de Sainte-Foy), Martine Ouellet (cégep de Drummondville) et Guillaume Lachapelle (cégep de Sherbrooke). Leurs présentations ont permis de constater la richesse, la diversité et l’originalité des mesures de valorisation de la langue qu’ils ont mises en place.

Les cégeps représentés à la table ronde partagent un objectif commun : sensibiliser tous les membres de leur communauté collégiale à l’importance de la qualité de la langue et leur offrir des outils pour qu’ils s’engagent avec assurance et plaisir dans cette aventure collective. Ainsi, bien que les CAF continuent d’offrir un soutien personnalisé aux élèves en difficulté, les responsables de ces centres ajoutent à cette tâche des activités de valorisation qui s’adressent à l’ensemble des élèves et du personnel de leur collège (par exemple, la rédaction ou la diffusion hebdomadaire de capsules linguistiques) ou des mesures d’encadrement adaptées à des clientèles particulières (le cégep de Sherbrooke a aménagé un CAF pour les futurs infirmiers et infirmières, et l’a rendu accessible le soir). Par ailleurs, plusieurs mesures visent le personnel enseignant afin d’harmoniser les outils et les politiques de correction à l’intérieur de chaque département et entre les départements ; par exemple, de plus en plus de collèges facilitent à leur personnel l’accès à des outils électroniques de correction tel Antidote.

Les participants à la table ronde ont insisté sur l’importance d’une approche incitative, valorisante et ludique. À ce propos, une activité multimédia du cégep hôte a particulièrement attiré l’attention par son caractère original et sa dimension collective : des capsules vidéo humoristiques mettant en scène des membres du personnel.

Profitant de la présence d’autant de responsables de CAF pour enrichir la liste des activités de valorisation mises en place dans leurs établissements, l’animatrice de la table ronde a invité l’auditoire à former de petites équipes et à répondre aux trois questions inscrites sur la feuille prévue à cet effet : Qu’est-ce qui se fait dans mon cégep ? Qu’est-ce qui m’allume ? Qu’est-ce qui pourrait se faire dans mon cégep ? Ce travail de réflexion a par la suite donné lieu à une intéressante discussion entre les participants.

Un exemple d’interdisciplinarité

Au retour du dîner, Isabelle Cabot, enseignante de psychologie au cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, a présenté l’expérience multidisciplinaire qu’elle mène dans son cégep, et qui offre un intérêt particulier pour les enseignants du cours de mise à niveau en français (MNF). Cherchant des moyens d’aider ses élèves à améliorer leur maîtrise de la langue pour réussir le cours de MNF et à remettre des travaux écrits de meilleure qualité, elle a conçu en 2008 un dispositif d’intervention interdisciplinaire visant à stimuler et à maintenir leur intérêt pour la qualité de la langue : le « pairage » entre le cours de MNF et un cours complémentaire choisi par l’élève en fonction de son intérêt personnel. Elle a postulé que la réussite du cours de MNF dépend non seulement de l’intérêt personnel de l’élève, mais aussi de l’intérêt situationnel[2], qu’il faut déclencher et maintenir par un environnement d’apprentissage stimulant. En ce sens, le jumelage permet d’offrir à l’élève des situations d’écriture et de correction plus signifiantes. Les résultats de ce projet, bien que partiels au moment de l’Intercaf, sont positifs. (NDLR – Pour en savoir davantage sur le projet d’Isabelle Cabot, voir son article dans le présent numéro.)

Ce dernier exposé a été suivi du traditionnel tirage des prix de présence offerts par les éditions CEC, les éditions ERPI, Québec Amérique, l’OQLF, le CCDMD et le Festival international de la poésie de Trois-Rivières.

* * *

Malgré les deux journées radieuses durant lesquelles s’est déroulé cet Intercaf, les participants ont fait preuve d’une assiduité et d’une ponctualité remarquables. Nul doute que leur présence soutenue s’explique par la qualité et la pertinence des présentations, mais aussi par le professionnalisme de l’organisation de ces journées et par l’accueil chaleureux de Nancy Quessy, du CAF du cégep hôte, et de ses collaborateurs.

  1. On peut obtenir les résultats de ce sondage en s’adressant à Josée Lafleur : jofleur@globetrotter.net ou en passant par le site du Carrefour de la réussite : www.lareussite.info/?p=712 (Amélioration de la langue, sondage CROP). [Retour]
  2. On définit ainsi ces deux types d’intérêt :Personnel : trait stable relatif aux préférences ;

    Situationnel : état ponctuel suscité par une situation environnementale spécifique. [Retour]

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