" />
2024 © Centre collégial de développement de matériel didactique
«Je me demande qu’est-ce que je ferais si… C’est à cause que…»

«Je me demande qu’est-ce que je ferais si… C’est à cause que…»

Capsule linguistique

Vous employez ces formulations spontanément ? Saviez-vous que l’une est critiquée et que l’autre est vieillie ? Pour ces raisons, on ne s’attendrait pas à les trouver aujourd’hui dans un registre de langue neutre ou soutenu. Ces usages sont « marqués », c’est-à-dire qu’ils ne sont pas neutres. Il est donc intéressant de les signaler pour en prendre conscience de manière à les éviter, tout au moins quand le contexte de discours l’exige.

À cause que

La locution conjonctive à cause que est suivie d’une subordonnée, contrairement à la locution prépositive à cause de qui s’emploie toujours avec un nom ou un pronom (à cause de son handicap, à cause d’elle). Aux XVIe et XVIIe siècles, la conjonction à cause que était usuelle ; on la trouve entre autres sous la plume de nombreux auteurs, dont Charles Perrault dans son Petit chaperon rouge (publié en 1697) : La bonne mère-grand, qui était dans son lit, à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria [au loup qui imitait la voix de la petite fille]  : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » La conjonction se fait ensuite plus rare à partir du XVIIIe siècle et les dictionnaires du XIXe siècle la signalent comme vieillie. Et même si Littré, dans son dictionnaire, plaidait pour son maintien, l’usage en avait décidé autrement. La locution à cause que n’est donc pas incorrecte ou fautive, elle est tout simplement désuète ; aujourd’hui, parce que l’a délogée dans la langue courante.

Une autre formulation encore répandue dans certaines régions du Québec, notamment dans Charlevoix et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, est l’interrogation à cause ? au sens de « pourquoi ? ». Ce tour est bien attesté dans des parlers de France, en particulier de l’Ouest, d’où il nous est venu d’ailleurs. Mais à cause ?, qui n’est jamais entré dans les dictionnaires français, est demeuré ce qu’on appelle un régionalisme en France de même qu’au Québec puisque cette forme de l’interrogation n’y est usitée que dans certaines régions.

Qu’est-ce que

Un autre emploi à éviter est celui de la formule interrogative qu’est-ce que ou qu’est-ce qui dans une subordonnée amenée par des verbes comme demander, savoir, voir ou chercher. Des exemples ? Je me demande qu’est-ce qu’il va penser de moi ? On attend de voir qu’est-ce qu’il va décider. Elle cherche qu’est-ce qu’elle pourrait bien lui répondre. Je ne sais pas qu’est-ce qui lui a pris de dire ça ! Elle se demande qu’est-ce qu’elle va porter pour la soirée.

On confond l’interrogation directe et l’interrogation indirecte. Ainsi, l’interrogation directe qu’est-ce qu’il va penser de moi ? (qui, elle, est correcte) est reprise dans je me demande qu’est-ce qu’il va penser de moi. Bien que cette manière de s’exprimer soit assez répandue dans l’usage, autant au Québec qu’ailleurs dans la francophonie, elle est critiquée partout et l’a toujours été. La forme à lui préférer est évidemment ce que ou ce qui, selon que l’on rend l’interrogation directe qu’est-ce que ? ou qu’est-ce qui ? (par exemple, je me demande ce qui se passe et non qu’est-ce qui se passe, il me demande ce que je veux et non qu’est-ce que je veux). De la même manière, on emploiera qui pour rendre l’interrogation qui est-ce qui ? comme dans je me demande bien qui arrivera le premier (et non qui est-ce qui arrivera le premier).

Pour en savoir plus sur ces sujets, nous vous invitons à consulter les articles À cause que, À cause et Qu’est-ce que de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française.

* * *

Télécharger l'article au format PDF

UN TEXTE DE