«… comme… comme… comme…»
Ce petit mot serait-il devenu un tic de langage ? Les jeunes en parsèment leurs propos, peut-être inconsciemment, parfois pour meubler un silence pendant un instant, le temps de trouver ce qu’ils cherchent à exprimer, ou le plus souvent pour signifier que ce qui est énoncé relève de l’approximation. Il s’agit alors en quelque sorte d’un signal avertissant que ce qui est dit ne reflète peut-être pas tout à fait la réalité ou que le mot employé n’est peut-être pas tout à fait le mot juste. Des exemples ?
Il y avait cent personnes comme. J’ai eu un peu peur comme, mais j’avais comme pas le choix. J’étais déprimé comme. C’est comme pas à toi de faire ça. Il était comme pas à la bonne place. Quand j’ai vu ça, j’ai fait comme : « OK… ». On n’était comme pas prêts pour ça. Au cours, il était comme pas là. Elle avait comme pas raison de faire ça.
Phénomène linguistique apparu récemment (il remonterait aux années 1990) et répandu au Québec, surtout chez les jeunes, cette pléthore de comme pourrait s’expliquer par une influence de l’anglais like. Cet emploi de like est connoté en anglais, il relève d’un usage populaire. Dans certains ouvrages de référence, on ajoute même que l’emploi répétitif de ce like révèle un manque d’éducation et de culture… La même connotation pourrait-elle s’appliquer au comme des jeunes Québécois ?
Comment éviter ces emplois qui pourraient être jugés négativement ? Il y a des contextes où comme n’ajoute rien au message. Supprimons donc ces comme inutiles. Dans d’autres contextes, on peut remplacer comme par des équivalents du type pour ainsi dire, en quelque sorte, si l’on peut dire ou, plus familièrement, comme qui dirait ; parfois, on peut aussi exprimer la même nuance avec quasiment, environ, presque ou à peu de chose près. Enfin, on peut parfois aussi conserver comme, mais en le faisant précéder par l’adjectif, le participe ou le nom : ils étaient écœurés comme… pourrait se dire ils étaient comme écœurés par tant de cruauté, de la même manière que l’on peut dire nous étions comme fascinés par son talent, il est devenu comme fou en apprenant la nouvelle, elle a fait comme un turban avec son foulard, il a eu comme une vision… En outre, le tour quelque chose comme est également possible pour exprimer l’approximation : j’aurais besoin de quelque chose comme un tournevis ou ils étaient quelque chose comme dix mille participants.
D’autres emplois de comme présentent des difficultés : comme tel, comme par exemple, avoir comme un de, considérer comme, pareil comme ou avec comme résultat. La construction comme étant, critiquée par certains auteurs, a peut-être été trop vite imputée à l’anglais. Pour en savoir plus sur ces questions, consultez la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française. Nous vous invitons également à visiter les archives des capsules linguistiques.
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