Superviseur: un emploi exigeant mais passionnant
L’épreuve uniforme de français fait appel chaque année à une équipe de superviseurs, sept à Montréal et sept à Québec, à qui le Ministère confie la responsabilité de vérifier la qualité de la correction et d’en assurer l’équité. Or, bien que l’épreuve existe depuis 1996, peu de personnes savent comment se passe la correction. En janvier, février et mars pour l’épreuve de décembre, en mai et juin pour l’épreuve de mai[1], à Québec et à Montréal, quelque 120 correctrices et correcteurs sont à l’uvre. Leur travail est encadré par les superviseurs[2]. Ceux-ci sont des enseignantes et des enseignants de français du réseau collégial qui n’ont pas nécessairement été correctrices et correcteurs de l’épreuve. Ils viennent d’un peu partout et posent leur candidature souvent parce qu’ils soupçonnent que cette expérience aura des répercussions dans leur enseignement et au sein de leur collège. Sélectionnés au moyen d’une entrevue, ils se lancent dans une aventure de collégialité, les plus anciens aidant les nouveaux à se familiariser avec un système de correction nuancé et des procédures d’annotation et d’évaluation très précises[3]. À l’opposé de la solitude de l’enseignant devant ses groupes, le superviseur pénètre dans un monde où tout repose sur le travail d’équipe, la collaboration évidente et spontanée de ses nouveaux collègues. C’est un véritable bouillonnement d’idées, une expérience intéressante en découvertes et ajustements sur les pratiques de l’évaluation et sur ce que devraient être les seuils de réussite de la compétence des élèves de l’ordre collégial en contenu, organisation et maîtrise de la langue.
Se prononcer sur des copies déjà corrigées
La correction de dissertations n’est certainement pas l’aspect le plus séduisant de l’enseignement de la littérature au cégep. Devant la perspective de plusieurs semaines occupées par des centaines de copies, beaucoup hésiteront à poser leur candidature. Différence importante de l’ordinaire fardeau auquel sont accoutumés les profs de français : les copies sont déjà corrigées. Cela ne veut pas dire qu’elles ne doivent pas être attentivement vérifiées… surtout en cas d’échec à l’un des critères. C’est là d’ailleurs la principale responsabilité des superviseurs. En fait, chacun des deux centres compte une soixantaine de correcteurs dont le travail consiste à évaluer, conformément au guide et aux clés de correction, les trois critères, huit sous-critères et multiples aspects dont on doit tenir compte pour attribuer des résultats à quelque 40 000 copies chaque année. Le rôle des superviseurs est de s’assurer que cette correction soit juste. Ils ont pour mandat de vérifier les copies, de conseiller les correcteurs, de les encadrer et de répondre à leurs questions.
Des personnes agréables à côtoyer
Se retrouver entre enseignants de diverses provenances, mettre en commun nos façons de voir dans un travail d’équipe constant, voilà un défi, une expérience passionnante, pour ceux et celles qui acceptent de le relever. Beaucoup de solidarité cimente les équipes de supervision, et beaucoup d’empathie caractérise les rapports avec les correcteurs et les correctrices. Ce sont des gens très qualifiés. La plupart ont au moins un bac, souvent une maîtrise, en littérature ou dans des domaines connexes. Un grand nombre ont été, sont ou veulent devenir enseignants. L’expérience de la correction de l’épreuve est d’ailleurs de mieux en mieux reconnue au moment de la sélection des nouveaux enseignants du collégial.
Un travail différent de l’accoutumé
Avant que ne commence la correction proprement dite, des étapes doivent être franchies : consensus entre les superviseurs de Québec et de Montréal sur ce qui est acceptable ou pas d’après les critères et les clés de correction, sélection et correction commune des copies anonymes qui serviront d’exemples, puis, dans chaque centre, formation générale des nouveaux correcteurs, d’une part, puis de l’ensemble des correcteurs sur les sujets du dernier examen (par équipes de deux superviseurs). Enfin, commence la correction proprement dite. Pendant cette période, les superviseurs guident les correcteurs dans leur travail et doivent vérifier des copies toute la journée… le soir aussi. En fait, pendant cette période, le Ministère leur reconnaît neuf heures et demie de travail par jour (les six heures trente de la journée de travail habituelle, plus trois heures de temps supplémentaire dont le cumul permettra une période de « vacances compensatoires » entre les deux périodes de correction). Neuf heures et demie par jour ? Rythme impossible à tenir, évidemment. La solution : comme dans l’enseignement, compter sur les fins de semaine pour répartir de façon moins « concentrationnaire » la quinzaine d’heures qu’on devrait faire les soirs de semaine. Pas vraiment nouveau dans la gestion du temps d’un prof de français ! Cela dure en moyenne sept semaines en janvier et février, et cinq en mai et juin. (Mettons entre parenthèses la correction de l’épreuve d’août dont les quelque 2 000 copies n’exigent que cinq à six jours de supervision.) Enfin, la correction achevée, d’autres responsabilités incombent aux superviseurs : évaluation du travail accompli, discussion des solutions aux problèmes rencontrés, mise à jour du Guide de correction, recherche de textes et de sujets à proposer pour les épreuves futures… et bilan général lors d’une réunion des deux centres.
Très peu de décisions à prendre tout seul
Corroborer l’échec d’un élève dont la performance est vraiment en deçà d’un seuil de réussite ne pose généralement pas de problème. Par exemple, au critère de la langue, une copie comportant un très grand nombre de fautes peut faire l’objet d’une seule supervision. Aux critères du contenu et de l’organisation, et fréquemment à la maîtrise de la langue, toute cote qui avoisine le seuil de réussite doit être corroborée par un premier superviseur et nécessite une « double supervision », c’est-à-dire la confirmation d’un deuxième superviseur d’expérience. En cas de doute, un consensus encore plus large est nécessaire et fait appel à un troisième avis. Toute copie particulière fait l’objet d’un même traitement, qu’elle soit corrigée au centre de Montréal ou à celui de Québec… Il en va de l’équité de l’opération.
Des vacances en avril
Le travail de supervision ne s’effectue qu’au deuxième trimestre. Il a aussi pour effet de déplacer les vacances. Réduisant celles d’été, il comporte une relâche de la fin mars au début mai. Avril est une période bienheureuse pour qui souhaite éviter les hautes saisons touristiques ! Concrètement, l’accumulation de temps supplémentaire permet de dégager six semaines avant de reprendre le collier pour la correction de l’épreuve de mai. Les vacances d’été sont moins longues que celles des collègues qui enseignent. Elles débutent à la fin juin. Voici quel a été l’agenda des superviseurs en 2004 : du 5 janvier (oui, c’est très tôt !) au 19 mars, puis du 6 mai au 25 juin. Les six semaines qui séparent les deux périodes de travail constituent des vacances plus « vraies » que les vacances d’été : personne ne pouvant vraiment commencer à préparer les cours du trimestre d’automne…
vous pouvez, à partir de la mi-septembre, vous procurer un formulaire de candidature auprès de la direction des études de votre collège ou de votre coordination départementale. Il est aussi possible de le télécharger à l’adresse :
www.meq.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/Eprv_uniforme/Mfrancais.asp
Après entente avec leur collège, les superviseurs travaillent pour le Ministère en prêt de service, sans modification du salaire ni perte d’ancienneté.
- Le mot désigne aussi les « superviseures », terme féminin que ne reconnaissent pas encore… les correcteurs orthographiques. Retour
- Il y a aussi une courte période de correction en août pour un examen où se présente un nombre beaucoup plus restreint de candidats. Cette correction ne fait pas partie du contrat des superviseurs qui travaillent aux examens de décembre et de mai. Retour
- Pour plus de détails, on peut télécharger en format pdf le guide officiel de la correction à l’adresse : www.meq.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/Eprv_uniforme/Mfrancais.asp Retour
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