" />
2024 © Centre collégial de développement de matériel didactique
Aide à la réussite de l’épreuve uniforme de français: un bilan des plus encourageant

Aide à la réussite de l’épreuve uniforme de français: un bilan des plus encourageant

Le Bureau d’aide à la réussite de l’Épreuve uniforme de français du cégep Marie-Victorin, communément appelé le BAREUF, a déjà été présenté en ces pages. Mis sur pied en 2002 par Jean-Pierre Dufresne, professeur au Cégep et superviseur de la correction de l’épreuve ministérielle, ce projet a été repris depuis par une nouvelle équipe. Notons au passage que le cégep Marie-Victorin a la chance de pouvoir compter sur quatre professeures[1] ayant participé à la supervision ou à la correction de l’Épreuve uniforme, trois d’entre elles enseignant au secteur régulier et une à l’éducation permanente.

Qu’est-ce que le BAREUF ? Un rappel…

Le BAREUF offre des services d’encadrement aux élèves présentant un haut risque d’échec à l’Épreuve uniforme. Plus particulièrement, sa clientèle cible se compose des élèves ayant déjà connu l’échec ou ayant négligé de se présenter à l’Épreuve après avoir réussi leur cours d’ensemble 3, et qui ont donc, selon les observations du ministère de l’Éducation, de plus en plus de risques d’échec. Le BAREUF accueille tant les élèves de l’enseignement régulier que ceux de l’éducation permanente, ces derniers représentant, au cégep Marie-Victorin du moins, une clientèle fortement à risque pour l’Épreuve. Quelques élèves à qui il ne reste qu’à réussir l’Épreuve pour obtenir leur diplôme et qui proviennent d’autres collèges sont aussi suivis en tutorat, mais doivent par contre en défrayer une partie des coûts.

Les services offerts au BAREUF sont surtout constitués de rencontres individuelles hebdomadaires[2] au cours desquelles, après une analyse des causes de l’échec à l’Épreuve à partir de la copie obtenue auprès du MEQ[3], l’élève a l’occasion de retravailler avec son tuteur sur tous les aspects problématiques de sa dissertation. On sait déjà que dans la grande majorité des cas, l’échec à l’Épreuve est surtout causé par des difficultés linguistiques, mais bien souvent, cet échec en langue est aussi en partie attribuable à un manque d’organisation ou à des stratégies de rédaction qui nuisent à l’élève, l’empêchant d’avoir suffisamment de temps pour relire sa copie et corriger ses fautes. Une grande partie du travail d’encadrement est donc de nature méthodologique ; sans aller jusqu’à déconstruire tout ce que l’élève a appris en ensemble 3, il faut bien souvent l’aider à se recentrer sur les éléments essentiels qu’il doit maîtriser pour réussir en fonction des critères ministériels, afin qu’il soit en mesure d’écrire une dissertation certes plus simple que celles qu’il rédigeait dans son cours, mais qui satisfasse tout aussi correctement aux normes de réussite de l’Épreuve.

Le BAREUF travaille également en étroite collaboration avec le Bureau de la reconnaissance des acquis afin de préparer pour l’Épreuve les élèves inscrits à un nouveau DEC, mais qui ont réussi leurs cours de français sous l’ancien programme. N’ayant jamais suivi les cours actuels de la formation générale, ces élèves doivent malgré tout réussir l’épreuve ministérielle pour obtenir leur diplôme. Dans la plupart des cas, ils ont certaines compétences reconnues en français, mais sont peu familiers avec les connaissances liées aux différents courants littéraires vus dans les cours de français, de même qu’avec la méthodologie de la dissertation critique. Il faut donc rapidement combler ces lacunes afin qu’ils se présentent à l’Épreuve avec les mêmes chances de réussite que les autres. Après un test diagnostique de classement, certains sont suivis en tutorat, d’autres, jugés plus faibles, sont orientés vers une formation d’appoint de 30 heures, soit un cours d’ensemble 3 adapté à leurs besoins, qui met davantage l’accent sur la rédaction de la dissertation critique en fonction des critères de correction ministériels.

L’année 2003-2004 : bilan

Si les années passées avaient surtout été consacrées à la mise en place et à l’expérimentation du projet, on peut dire que le BAREUF a pris sa vitesse de croisière au cours de l’année scolaire 2003-2004, durant laquelle près de 150 élèves ont reçu cette aide individualisée[4]. De plus, une douzaine d’élèves de la Reconnaissance des acquis étaient inscrits au cours d’ensemble 3 adapté.

Les résultats obtenus par les élèves du BAREUF à l’Épreuve de décembre 2003 sont tout à fait satisfaisants, même s’ils se sont révélés moins probants que ceux obtenus au trimestre d’hiver 2003[5] :

ÉLÈVES AIDÉS POUR L’ÉPREUVE DE DÉCEMBRE 2003
Élèves qui se sont présentés à l’Épreuve55/6289 %
Verdicts de réussite33/5560 %
Élèves qui ont échoué, mais qui n’avaient pas fait ou réussi la simulation16/2273 %

Après un taux de réussite de 78 % à la session d’hiver 2003, on note à la session d’automne 2003 une « chute » de ce taux à 60 % : parmi les 55 élèves suivis au BAREUF et s’étant présentés à l’Épreuve, 33 seulement ont réussi. Cette diminution du nombre de réussites s’explique en grande partie par la clientèle considérablement plus faible reçue à cette session, et notamment par l’arrivée massive des adultes de l’ancien programme. On peut également noter que, parmi les élèves qui ont échoué, six seulement avaient réussi la simulation de l’Épreuve ; les autres n’avaient donc pas été jugés tout à fait prêts par les responsables du BAREUF.

Heureusement, au trimestre d’hiver 2004, le taux de réussite à l’Épreuve des élèves suivis au BAREUF a connu une nette remontée, se situant même au-dessus du taux de réussite obtenu par l’ensemble des élèves du réseau collégial : en effet, 59 des 68 élèves aidés s’étant présentés à l’Épreuve de mai ou d’août 2004 l’ont réussie. Ce taux de réussite de près de 87 % est au-delà de toute attente, surtout si l’on se rappelle que ces élèves présentaient un haut risque d’échec :

ÉLÈVES AIDÉS POUR L’ÉPREUVE DE MAI ET AOÛT 2004
Élèves qui se sont présentés à l’Épreuve68/8085 %
Verdicts de réussite59/6887 %
Élèves qui ont échoué, mais qui n’avaient pas fait ou réussi la simulation8/989 %

Il est à noter que grâce à la collaboration du MEQ, qui a transmis au BAREUF de façon accélérée les résultats des élèves à risque, certains des élèves ayant échoué en mai ont reçu, en juin et juillet, une aide supplémentaire pour préparer la reprise d’août, ce qui a donné d’excellents résultats[6].

L’année 2004-2005 : la suite…

Au cégep Marie-Victorin, la nécessité de même que l’efficacité du BAREUF ne sont plus à démontrer. La plupart des services qui y sont offerts portent fruit et entraînent les résultats espérés. L’aide individualisée ainsi que les services de dépistage et de diagnostic se poursuivent sans grand changement à l’automne 2004. Toutefois, dans le but d’améliorer et de rendre toujours plus profitables ses services, le BAREUF entend augmenter et diversifier les ateliers ouverts à tous pour répondre davantage aux besoins d’information ponctuelle des élèves ; il veut aussi modifier le cours d’ensemble 3 adapté pour y inclure un encadrement individualisé, afin d’assurer un suivi plus poussé auprès des élèves dont les lacunes sont plus importantes. De plus, le développement d’une session d’aide « intensive » à l’été 2005 est planifié, notamment pour permettre le rattrapage des élèves ayant échoué de justesse en mai et voulant se présenter à l’épreuve de reprise d’août.

Il est bien évident que les besoins de telles mesures d’aide ne sont pas propres aux élèves de Marie-Victorin. Dans l’avenir, il serait donc souhaitable d’envisager le développement de services semblables dans d’autres cégeps. Pourquoi même ne pas envisager la mise en place d’un réseau, un peu semblable à celui des CAF, où pratiques et expertises pourraient être mises en commun ? Pour notre part, il nous ferait plaisir de partager notre expérience avec vous…

* * *

  1. En effet, en plus des signataires de cet article, l’équipe du BAREUF comprend également Nathalie Roy et Nathalie Viens. Les professeures du secteur régulier sont en partie libérées d’enseignement pour offrir les services d’encadrement au BAREUF. Retour
  2. Le BAREUF offre aussi à l’ensemble des élèves des ateliers de préparation ainsi que des simulations faites à partir des sujets antérieurs de l’Épreuve, simulations qui sont corrigées par des correcteurs du MEQ à partir de la grille de correction utilisée à l’Épreuve. Retour
  3. Les copies sont obtenues grâce à la nouvelle formule mise sur pied par le Ministère, qui permet à une tierce personne, avec l’autorisation de l’élève bien sûr, de recevoir la copie corrigée de l’Épreuve. Retour
  4. Ce nombre semblera de prime abord plutôt restreint aux responsables des CAF, dont la clientèle est généralement beaucoup plus étendue, mais rappelons que les élèves qui viennent au BAREUF sont tous suivis individuellement et de façon hebdomadaire par une professeure. Retour
  5. Voir à ce sujet l’article intitulé « Échecs à l’épreuve uniforme de français », publié par Jean-Pierre Dufresne dans Correspondance (volume 9, numéro 1, septembre 2003). Retour
  6. Cette mesure, permise de façon expérimentale à l’été 2004 à raison d’une dizaine d’heures de tutorat par semaine, a donné des résultats remarquables : la quasi-totalité des élèves en ayant profité ont réussi la reprise d’août. Retour

Télécharger l'article au format PDF

UN TEXTE DE