Le rapport à l’écrit des élèves des programmes d’études techniques au collégial
Pertinence de l’étude
L’examen des taux de réussite à l’épreuve uniforme de français au collégial conduit, année après année, au même constat : les élèves des programmes d’études techniques y réussissent moins que ceux des programmes d’études préuniversitaires. Les résultats d’une enquête récente sur la maitrise de la langue par les collégiens[2] font également état d’autres écarts : les élèves du secteur technique, se percevant comme moins compétents en français, sont sensiblement plus nombreux que ceux des secteurs préuniversitaires à envisager la maitrise du français comme un défi exigeant. La question de la relation aux savoirs se pose ici. D’où l’objet de notre étude, soit le rapport à l’écrit des élèves de programmes d’études techniques.
Substrat théorique
Bernard Charlot a théorisé la notion de rapport aux savoirs (1997). Ce faisant, il s’opposait au déterminisme en affirmant que c’est le sens attribué aux savoirs qui est en cause dans les cas d’échecs scolaires, et non pas l’origine sociale des élèves. Bernard Lahire adoptait déjà cette position dans Culture écrite et inégalités scolaires en 1993. Aussi le rapport à l’écrit se révèle-t-il crucial, puisque lecture et écriture sont des savoirs transversaux marquant le parcours scolaire.
La compétence scripturale, telle que définie par Christine Barré-de-Miniac, est le résultat combiné de la compétence linguistique et du rapport à l’écriture – ce dernier élément ayant une composante psychoaffective et une composante sociale (2000, p. 14). Suzanne-G. Chartrand et Michèle Prince, quant à elles, nomment « idéelle » cette dimension renvoyant au domaine psychosocial, c’est-à-dire aux conceptions et aux représentations des fonctions de l’écrit dans l’apprentissage et dans la société en général (2009, p. 21).
Notre recherche
Nous cherchons à répondre à la question suivante : Quelles sont les dimensions du rapport à l’écrit des élèves des programmes d’études techniques en regard de leur parcours scolaire ? Notre objectif est aussi de comprendre comment ce rapport influe sur les choix vocationnels et les parcours scolaires eux-mêmes.
Sur le plan méthodologique, l’étude prévoit la passation d’un questionnaire socioscolaire sur les pratiques déclarées en lecture et en écriture, l’observation en classe des activités routinières liées à l’écrit, deux entrevues de groupe et, enfin, la rédaction, par les participants, d’une autobiographie de scripteur relatant leur parcours scolaire respectif en lien avec l’écrit.
Retombées
Notre recherche qualitative réserve une place de premier plan au discours des participants, ce qui permettra de décrire leur rapport à l’écrit dans toute sa complexité. Cette description fournira un cadre conceptuel pour des interventions à venir en didactique du français au collégial.
RÉFÉRENCES
BARRÉ-DE-MINIAC, Christine (2000). Le rapport à l’écriture. Aspects théoriques et didactiques, Lille, Presses universitaires du Septentrion.
CARREFOUR DE LA RÉUSSITE AU COLLÉGIAL (consulté le 11 novembre 2010) www.fedecegeps.qc.ca/carrefour_pdf/synthese_resultats_sondage_CROP_2010.pdf
CHARLOT, Bernard (1997). Le rapport aux savoirs : éléments pour une théorie, Paris, Anthropos-Economica.
CHARTRAND, Suzanne-G., et Michèle PRINCE (2009). « La dimension affective du rapport à l’écrit d’élèves québécois », Canadian Journal of Education, vol. 32, no 2, p. 317-343.
LAHIRE, Bernard (1993). Culture écrite et inégalités scolaires, Lyon, Presses universitaires de Lyon.
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT DU QUÉBEC (consulté le 11 novembre 2010) www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fiche&id=1177&type=2
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