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Plus qu’hier, moins que demain

Plus qu’hier, moins que demain

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ctuellement, les écoles publiques primaires et secondaires de l’ile[1] de Montréal accueillent plus d’enfants allophones que d’enfants francophones ; et le réseau collégial, un nombre toujours croissant de jeunes allophones (11 898 en 1997, 15 356 en 2007[2]). En outre, on observe que le pourcentage d’élèves issus de l’immigration récente est en croissance dans toutes les régions du Québec[3]. La tendance est donc manifeste, et pas seulement dans la région métropolitaine montréalaise. Alors qu’à l’échelle du réseau, la Fédération des cégeps réclame un soutien financier accru pour mieux aider les allophones sur le plan linguistique, des intervenants travaillant à l’amélioration du français s’efforcent localement de leur donner accès à des mesures d’aide appropriées. Robert Claing (collège Ahuntsic), Martine St-Pierre (collège Ahuntsic) et Yves Lamontagne (collège de Rosemont) sont de ces enseignants qui participent au défi actuel du Québec d’intégrer à sa majorité les membres des groupes ethniques d’origines diverses. À l’Intercaf du printemps 2009, ils rapportaient leurs observations et leurs réalisations dans leurs établissements respectifs. Leurs conférences ont donné lieu à deux articles, publiés dans le présent numéro.

Plus qu’hier, moins que demain, c’est également la tendance observée du côté des élèves atteints de troubles d’apprentissage, qui accèdent bon an mal an de plus en plus nombreux à des programmes d’études postsecondaires[4]. Il y a lieu de s’en réjouir, car cette augmentation est attribuable, notamment, au dépistage en bas âge, au raffinement des évaluations des services d’intervention au primaire et au secondaire, et enfin, à l’amélioration de l’offre de mesures d’appui scolaires – tous ces dispositifs demeurant toutefois insuffisants. Afin de sensibiliser les enseignants à la réalité des jeunes ayant des troubles d’apprentissage, tels que la dyslexie et la dysorthographie, Mireille Dubois (cégep du Vieux Montréal) et Julie Roberge (cégep Marie-Victorin) ont fait en 2007 et en 2008 le tour des cégeps de l’ouest du Québec, à la demande du Service d’aide à l’intégration des élèves (SAIDE) du cégep du Vieux Montréal. De cette tournée de sensibilisation est né un document intitulé Troubles d’apprentissage : pour comprendre et intervenir au cégep, qu’on pourra consulter dès la fin mars sur le site du CC DMD. Correspondance a invité Dave Ellemberg, neuropsychologue clinicien, professeur et chercheur à l’Université de Montréal et à l’Hôpital Sainte-Justine, à mettre en contexte cette nouvelle ressource documentaire. Le docteur Ellemberg est spécialement sensible aux mesures d’encadrement offertes à l’ordre d’enseignement collégial pour les jeunes adultes vivant avec des troubles d’apprentissage.

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Le prochain Intercaf se tiendra les 27 et 28 mai 2010 au cégep de Drummondville. Il portera sur la valorisation du français. Essentiellement, les organisateurs souhaitent faire connaitre des projets destinés à promouvoir la qualité du français dans l’ensemble des formations collégiales. Ce partage d’expériences visant le développement de compétences langagières en dehors du cadre attendu (les centres d’aide en français et les cours de français) a pour but d’alimenter la réflexion sur la responsabilité partagée de la maitrise du français chez les cégépiens. En attendant le programme officiel de cette rencontre, qui sera expédié début mai, nous proposons un premier article en lien avec la thématique : L’intégration du logiciel Antidote dans un programme préuniversitaire . À l’Intercaf, l’initiatrice de cette activité pédagogique, Nathalie Marier (cégep de Victoriaville), participera à une table ronde intitulée Imaginons le faisable, et faisons-le ![5]

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La réforme de l’orthographe fait beaucoup parler d’elle au Québec depuis quelques mois, notamment sous la plume de Pierre Foglia dans La Presse, et celles de Denise Bombardier et de Louis Cornellier dans Le Devoir. Cette attention médiatique coïncide avec l’arrivée dans nos librairies d’un essai sur l’orthographe française : Zéro faute, de François de Closets, sujet de l’article de Véronique Léger. À l’instar de l’essayiste, cette professeure de grammaire (Université de Montréal) est contre la sacralisation des anomalies ou des irrégularités de l’orthographe. Autre recension proposée dans le présent numéro : celle des Mots migrateurs, de Marie Treps, un ouvrage documentaire qui rappelle combien la langue française a eu d’influence en Europe depuis le Moyen Âge. Louise Desforges (collaboratrice régulière de notre bulletin) partage avec la linguiste cette passion pour l’aventure des mots du français et propose une lecture éclairée de son ouvrage.

Enfin, outre le très apprécié dossier sur la nouvelle orthographe, l’incontournable capsule linguistique de l’OQLF et les fameuses chroniques sur la terminologie grammaticale, sur l’histoire de la grammaire et sur l’étymologie, nous proposons une entrevue avec Aurélia Dejond. Cette journaliste belge s’est intéressée au cyberlangage, ce style d’écriture resserrée que l’on rencontre dans les blogues, minimessages téléphoniques de type SMS, forums de discussion et autres formes d’échanges numériques. Mme Dejond, également professeure de journalisme à l’ordre universitaire, a passé plusieurs années à scruter des messages de clavardeurs, blogueurs, SMSistes, etc., un travail d’analyse nourri d’entrevues avec des professeurs, des parents et des spécialistes de la langue. Dans un contexte où le discours social sur les compétences langagières des cégépiens est empreint de pessimisme, il est tentant de faire porter le chapeau aux nouveaux outils de communication. Devons-nous réellement nous inquiéter de voir les jeunes d’aujourd’hui manier au quotidien ce langage quasi sténographique généré par l’usage de ces outils ? Devons-nous au contraire nous réjouir de l’augmentation considérable des pratiques de communication écrite qu’induisent ces outils ? Voilà deux des questions que nous avons abordées avec Mme Dejond. * * *

  1. Ce texte est rédigé conformément aux rectifications orthographiques en vigueur. [Retour]
  2. FÉDÉRATION DES CÉGEPS, L’éducation pour l’inclusion dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie, Mémoire produit dans le cadre de la consultation du Conseil supérieur de l’éducation sur l’état et les besoins de l’éducation, 2010, p. 10. [Retour]
  3. Alain CARPENTIER et collab., « Les élèves issus de l’immigration – Regards de 2009 », Vie pédagogique, numéro 50, octobre 2009, p. 52. [Retour]
  4. FÉDÉRATION DES CÉGEPS, op. cit., p. 12. [Retour]
  5. La phrase est tirée d’un article de Colette Ruest (cégep de Trois-Rivières), paru dans Correspondance en 2007 (volume 12, numéro 3). [Retour]

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