J’ai lu… je réagis!
Convaincue du bien-fondé de l’enseignement des stratégies d’apprentissage aux élèves du collégial, j’aimerais commenter l’article de Sylvie Cartier paru dans le numéro de février 2000 de Correspondance : « Enseigner les stratégies d’apprentissage aux élèves du collégial pour que leur français se porte mieux[1] ».
Il est important, je crois, de reconnaître toute l’énergie qu’exige l’enseignement de nouvelles stratégies d’apprentissage de la part des professeures et professeurs. En effet, il n’est pas simple d’intégrer une nouvelle dimension à l’enseignement du contenu. Il faut que le personnel enseignant croie fermement que cette nouvelle dimension relève de sa responsabilité, qu’il réussisse à intégrer cet enseignement à sa « charge » de contenu à enseigner, qu’il s’utilise comme modèle dans cet enseignement, donc qu’il modifie lui-même ses propres stratégies.
Pour l’étudiante ou l’étudiant, l’entreprise est tout aussi exigeante. Ellis, dans La clé du savoir, affirme d’ailleurs qu’il est aussi difficile d’apprendre une stratégie d’apprentissage que d’apprendre à lacer ses souliers d’une nouvelle façon[2]. Il faut comprendre que les stratégies utilisées par les élèves, malgré leur apparente inefficacité, font partie de leur coffre à outils depuis belle lurette et leur ont quand même permis d’accéder à des études aux cycles supérieurs. La prise de conscience des limites de ces stratégies dans le nouveau contexte des études collégiales est surtout évidente pour les spécialistes. Le processus inhérent à une telle prise de conscience par l’étudiante et l’étudiant, la décision d’investir temps et énergie pour procéder à une modification de ses stratégies, de faire l’apprentissage d’autres méthodes plus efficaces et d’arriver à la maîtrise de ces dernières ne doit pas être sous-estimé.
Le dossier de l’enseignement de nouvelles stratégies d’apprentissage est très complexe mais, cependant, incontournable. La réussite de l’enseignement et de l’apprentissage du français et de l’ensemble des matières du collégial en est tributaire. Il est réconfortant de constater que Correspondance donne priorité à une telle réflexion.
- Sylvie Cartier, « Enseigner les stratégies d’apprentissage aux élèves du collégial pour que leur français se porte mieux », Correspondance, vol. 5, no 3, p. 10-13. Retour
- David B. Ellis, La clé du savoir, traduit par Nicole Chrétien-Proulx, Sudbury, L’Institut des technologies télématiques, 1992, 354 p. Retour
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