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Préparation à l’épreuve uniforme de français: mode d’emploi à l’intention des élèves inscrits à un nouveau DEC — Aider les élèves à réussir l’épreuve de français: une nécessité (2)

Préparation à l’épreuve uniforme de français: mode d’emploi à l’intention des élèves inscrits à un nouveau DEC — Aider les élèves à réussir l’épreuve de français: une nécessité (2)

Ils sont probablement plus nombreux qu’on ne l’aurait cru il y a dix ans et pas vraiment préparés pour l’épreuve de français, ni souvent même au courant de l’important défi qu’ils ont à relever. Ce sont des adultes avec en poche un premier DEC obtenu avant la réforme de 1994. Les voici inscrits dans un nouveau programme d’études collégiales. Les instigateurs de la réforme de l’enseignement du français langue et littérature avaient prévu à l’intention de ce type d’élèves une amnistie d’une décennie complète. Elle a pris fin en janvier 2003. Désormais, quiconque veut obtenir un nouveau DEC doit réussir l’épreuve uniforme.

Conscients de ce que les contenus et le nombre d’heures de cours ont été sérieusement modifiés, beaucoup de collèges inscrivent ces élèves au cours Français 103 en espérant qu’ils trouveront là ce qui leur fait défaut sur le plan des connaissances littéraires et de la méthodologie de la dissertation critique. Fort d’un passé très actif dans le dossier de la reconnaissance des acquis, le collège Marie-Victorin tente de leur offrir une approche plus souple : un encadrement et des outils particuliers à la réussite de l’épreuve. Après tout, il est réaliste de penser que ces élèves détiennent à des degrés divers des acquis qu’il leur faut remettre à jour en fonction des exigences de la dissertation critique.

Voici un bref compte rendu de ce processus qui a été mis sur pied à Marie-Victorin à l’automne 2002 et qui s’implante officiellement au présent trimestre.

Ces élèves (appelons-les « candidats » puisqu’ils sont considérés comme des candidats possibles de la reconnaissance des acquis) sont d’abord joints par lettre ou informés par l’organisation scolaire, puis invités à participer à une démarche dont la première étape aboutira à un diagnostic de classement[1].

Première rencontre : information et orientation

La première rencontre avec les candidats à la préparation de l’épreuve de français est une rencontre d’information et d’orientation. Elle vise à répondre à leurs questions et à leur proposer d’entreprendre une démarche qui leur permettra de faire reconnaître et de compléter leurs acquis ou, le cas échéant, de poursuivre une formation de type plus traditionnel. Les documents présentés au moment de cette rencontre sont les suivants :

  • Schéma général de la démarche
  • Épreuve uniforme de français, Toute l’information de A à Z, document du Ministère
  • Manuel de R. Berger, D. Déry et J.-P. Dufresne, L’Épreuve uniforme de français– Pour réussir sa dissertation critique, CCDMD/ Beauchemin, 1998
  • Périodes littéraires, Aide-mémoire (document produit par le signataire du présent article)
  • Les auteurs québécois du terroir dans les anthologies de littérature québécoise (idem)

Le premier contact avec ces documents montre clairement aux candidats ce que sont l’épreuve de français et son contexte de réalisation, et leur fournit les renseignements nécessaires à la préparation du test diagnostique. On leur présente aussi un exemple complet de dissertation critique avec question, textes et commentaires, de manière que tous les candidats sachent exactement à quoi s’en tenir. L’enseignant responsable de la rencontre décrit de façon détaillée le matériel nécessaire à la préparation d’un test diagnostique, indique les lectures nécessaires et remet à chaque candidat un calendrier. On demande aussi à ceux et celles qui acceptent de se soumettre au test diagnostique d’apporter les ouvrages de référence nécessaires (choisis selon les normes de l’EUF : dictionnaires et ouvrages de référence en grammaire).

Deuxième rencontre : diagnostic

Deux semaines plus tard a lieu la rencontre de diagnostic. Elle est essentiellement consacrée à la rédaction de deux parties d’une dissertation critique, soit une introduction et un paragraphe de développement, à partir desquelles on pourra établir si les candidats sont en mesure de maîtriser partiellement les critères de base de l’EUF. Le matériel est constitué des documents suivants : sujet d’une épreuve, textes, plan de rédaction, fiche de résultats du test diagnostique et consignes détaillées, cahier brouillon, cahier de rédaction, relevé des résultats, critères de l’épreuve uniforme de français.

C’est à l’aide de ces instruments que sera déterminée, critère par critère, la formation manquante, ce qui permettra de classer les candidats en catégories déterminées en fonction des lacunes à combler. Soulignons ici que puisque tout repose sur les critères et les aspects de l’évaluation de l’épreuve uniforme, il est important que l’activité soit confiée à un formateur qui possède les compétences et l’expérience de superviseur ou au moins de correcteur de l’EUF au ministère de l’Éducation.

Classement des candidats

Catégorie A : caractéristiques et lectures recommandées

À la suite de la rencontre de diagnostic, on classe dans la catégorie A les candidats qui possèdent une maîtrise suffisante pour atteindre par eux-mêmes les seuils de réussite ; ils ont obtenu B et plus à chacun des sous-critères de l’épreuve uniforme. Ces élèves sont invités à se préparer à une simulation qui sera organisée plus tard dans la session, et ce, à l’aide de lectures recommandées, soit : Périodes littéraires, Aide-mémoire, L’Épreuve uniforme de français — Pour réussir sa dissertation critique. Ces lectures seront précisées aspect par aspect à l’aide de la fiche Critères de l’épreuve uniforme de français[2]. À la suite de la simulation, les élèves recevront un dernier diagnostic détaillé avant la passation de l’épreuve officielle[3].

Catégorie B : caractéristiques et contenu des rencontres (ateliers et tutorat)

On classe dans la catégorie B les candidats qui possèdent une maîtrise suffisante pour atteindre avec aide et encadrement les seuils de réussite ; ils ont obtenu C ou plus aux sous-critères de l’épreuve uniforme ou se situent tout près des seuils de réussite. Ces élèves sont invités à se préparer à la simulation par des rencontres d’encadrement individuel (tutorat) à l’aide de lectures et d’exercices : Périodes littéraires, Aide-mémoire, modules particuliers de L’Épreuve uniforme de français — Pour réussir sa dissertation critique, diagnostic détaillé des difficultés linguistiques et exercices appropriés. Un document préparé à cette fin, Contenu général des rencontres d’ateliers et de tutorat, précise comment les candidats B pourront recevoir la formation manquante[4]. Enfin, ces élèves sont, eux aussi, inscrits à la simulation et ils recevront un dernier diagnostic détaillé avant la passation de l’épreuve officielle.

Catégorie C : caractéristiques et inscription au cours Français 103 adapté

Selon le diagnostic, ou par décision personnelle au moment de la première rencontre (information et orientation), on classe dans la catégorie C les candidats qui éprouvent trop de difficultés pour atteindre les seuils de réussite sans suivre un cours de façon plus traditionnelle ; ils ont obtenu D et moins aux sous-critères de l’épreuve diagnostique et restent loin des seuils de réussite. On leur propose de s’inscrire à un cours d’appoint pour se préparer à la passation de l’épreuve uniforme. Ces élèves tireraient aussi profit d’une participation à la simulation, ce qui leur permettrait, au bout de leur formation d’appoint, de recevoir un dernier diagnostic détaillé avant la passation de l’épreuve officielle.

Simulation

Évaluée par des correcteurs d’expérience et selon les critères du Ministère, la simulation constitue un jalon très important du travail d’appropriation entrepris par chaque candidat, car elle lui permet de jauger l’amélioration de ses capacités de rédaction et le travail qu’il lui restera à faire durant le mois précédant l’épreuve réelle. Le collège Marie-Victorin a défini des postes budgétaires pour percevoir les frais d’inscription (20 $) et pour gérer la rémunération des correcteurs retenus pour effectuer le travail d’évaluation. Le fait qu’ils aient à débourser responsabilise les élèves et les engage plus clairement dans une démarche qu’ils suivront jusqu’au bout. Le résultat obtenu à la simulation constituera pour eux le meilleur indice de leur capacité à réussir l’épreuve. Un diagnostic précis, critère par critère, leur indiquera quels sont les aspects à améliorer avant de se présenter à l’épreuve officielle.

Transmission des résultats

Aussi bien pour le diagnostic de départ, pour les exercices de rédaction de parties de dissertation que pour la simulation, les résultats de l’élève sont évalués à l’aide d’une grille strictement conforme à celle du Ministère (fiche Critères de l’épreuve uniforme de français). C’est la façon la plus claire de permettre à l’élève de se situer constamment dans sa progression vers la maîtrise des seuils de réussite à atteindre et de mieux comprendre les aspects qu’il doit améliorer.

Pour conférer un résultat numérique au bulletin scolaire des candidats A et B à partir de la simulation, on utilise une échelle qui permet de transposer les valeurs alphabétiques des critères I, II et III de l’épreuve uniforme en valeurs numériques additionnées en une note globale.

Conclusion

Le trimestre d’automne 2002 a surtout été consacré à la mise en place de tous les instruments nécessaires pour venir en aide à ce type particulier d’élèves. Une expérimentation très modeste (deux candidats B) a quand même permis de confirmer que la réussite était certainement possible (deux sur deux). Reste à espérer que les nouveaux candidats A, B et C obtiendront le même succès à l’examen du 14 mai 2003. Nous reviendrons sur la question dans un prochain article consacré à l’efficacité et aux limites de l’aide à la réussite relative à l’EUF et aux situations diverses des élèves qui ont besoin de cette aide.

* * *

Le cas d’Yvon

Yvon (prénom fictif) termine bientôt un nouveau DEC en éducation spécialisée. Il possède une très bonne maîtrise de la langue écrite (atout important), un peu moins de l’organisation textuelle. Yvon a tenté de se préparer seul une première fois pour l’épreuve de décembre 2001, ce qui s’est soldé par un échec : parce qu’il n’avait jamais expérimenté le contexte réel de cet examen, il a été incapable de retranscrire son brouillon et a remis une rédaction n’ayant ni un développement complet ni une conclusion. Une bonne révision des constituantes de la dissertation critique et quelques exercices de rédaction chronométrés, avec stratégie de plan détaillé plutôt que de brouillon complet, l’ont mené à une réussite plus que suffisante de la simulation (résultat : CBB). Yvon a réussi encore mieux l’épreuve de décembre 2002 (CAB).

Le cas d’Amy

Après une formation secondaire en anglais et collégiale en français, Amy (prénom fictif) ne s’était pas encore présentée à l’épreuve. Elle a décidé de le faire en décembre 2002, puisqu’elle termine bientôt un nouveau DEC en musique. Au diagnostic, Amy aurait dû être classée candidate C, puisqu’elle était sous le seuil de la réussite linguistique. Mais de peu : 33 fautes sur un maximum admissible de 30. Il a été décidé qu’on lui donnerait la chance d’être considérée comme candidate B, à condition qu’elle accepte de faire en plus des exercices linguistiques d’appoint. Elle est passée de CCD au diagnostic à BBC à la simulation et a obtenu BAB à l’examen de décembre 2002.

Résultats d’Amy au diagnostic (7 octobre), à la simulation (12 décembre) et à l’EUF (18 décembre)

Critères de l’épreuve uniforme de français

CRITÈRE I — COMPRÉHENSION DES TEXTES ET QUALITÉ DE L’ARGUMENTATION7 oct.12 déc.EUF 18 déc.

 

1. Le respect du sujet de rédaction

1. La mention et l’interprétation juste des éléments essentiels de l’énoncé de la question

2. Le développement approprié de chaque élément de l’énoncé du sujet de rédaction

3. La clarté, la cohérence et la constance du point de vue critique

CAA

 

2. La qualité de l’argumentation

1. La valeur et la cohérence des arguments

2. La pertinence des illustrations ou des preuves

3. L’efficacité des explications

CBA

 

3. La compréhension des textes et l’intégration des connaissances littéraires

1. La compréhension juste des textes littéraires

2. La justesse et la pertinence des connaissances littéraires formelles

3. La justesse et la pertinence des connaissances littéraires générales

CC+D
 
CRITÈRE II — STRUCTURE DU TEXTE DE L’ÉLÈVE7 oct.12 déc.EUF

 

4. La structure de l’introduction et de la conclusion

1. La présence, la clarté et la pertinence des parties de l’introduction

2. La présence, la clarté et la pertinence des parties de la conclusion

3. La cohésion entre les parties ou les phrases de l’introduction et de la conclusion

C+C+B

 

5. La structure du développement, l’organisation et la construction des paragraphes

1. La structure du développement

2. La construction des paragraphes

3. L’enchaînement des idées

DBA
 
CRITÈRE III — MAÎTRISE DE LA LANGUE7 oct.12 déc.EUF

 

6. La précision et la variété du vocabulaire

1. L’emploi d’un vocabulaire précis et approprié

2. La variété du vocabulaire et la richesse de l’expression

3. La clarté de l’expression

ABA

 

7. La syntaxe et la ponctuation

1. La syntaxe

2. La ponctuation

1267

 

8. L’orthographe d’usage et grammaticale

1. L’orthographe d’usage

2. L’orthographe grammaticale

211617
  1. Les élèves peuvent à leur gré faire aussi d’autres choix : s’inscrire d’emblée au cours Français 103 adapté ou aller directement à l’épreuve. Retour
  2. Exemple ci-joint : Résultats d’Amy Retour
  3. À titre indicateur, sur la douzaine de candidats qui se sont présentés aux premiers diagnostics 2003 (27 janvier et 4 février), un a été classé A ; 8 ont été classés B ; 8 ont été classés C. (Renseignements fournis par Anne-Marie Pepin, actuellement responsable de ce dossier à Marie-Victorin.) Retour
  4. En plus des deux premières rencontres (orientation et diagnostic), les candidats B participent à quatre ateliers de mise à jour de la formation manquante. La simulation constitue la septième rencontre, la huitième étant la rencontre finale consacrée à l’analyse détaillée des résultats de la simulation et à l’examen des pistes d’amélioration. Retour

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