" />
2024 © Centre collégial de développement de matériel didactique
Connaître le baseball et lire… mieux!

Connaître le baseball et lire… mieux!

D

ans un article intitulé « Effect of prior knowledge on good and poor readers’ memory of text », article paru dans le Journal of Educational Psychology, D.R. Recht et L. Leslie rapportent les résultats d’une recherche en lecture réalisée en étudiant les relations entre les connaissances générales et les connaissances spécifiques. Ils ont sélectionné des étudiants de l’ordre secondaire qui sont de bons lecteurs et des étudiants du même ordre qui sont de mauvais lecteurs. À ces deux groupes, ils ont fait passer un test de connaissances sur le baseball. Par la suite, les chercheurs ont partagé ces étudiants en quatre groupes : les bons lecteurs qui connaissent très bien le baseball ; les bons lecteurs qui connaissent peu le baseball ; les mauvais lecteurs qui connaissent très bien le baseball ; les mauvais lecteurs qui connaissent peu le baseball. Ils ont alors demandé à chacun des étudiants de lire un texte de 625 mots portant sur une rencontre entre deux équipes de baseball et ont évalué leur compréhension sur trois plans. Les étudiants devaient reproduire, à l’aide de joueurs miniatures en bois, les principaux points de la rencontre tout en décrivant verbalement ce qui se produisait. Ils devaient également résumer le texte et en retenir les 22 phrases les plus importantes pour décrire la rencontre.

Pour chaque mesure relative à la compréhension, les mauvais lecteurs qui ont de bonnes connaissances sur le baseball obtiennent de meilleurs résultats que les bons lecteurs qui ont peu de connaissances sur ce sujet. Ils ont une performance quasi équivalente à celle des bons lecteurs qui connaissent bien le baseball. Par ailleurs, les mauvais lecteurs qui ont peu de connaissances sur le baseball sont ceux qui obtiennent les résultats les plus faibles. Ces conclusions de recherche, corroborées par d’autres issues de problématiques semblables, soulignent la très grande importance des connaissances spécifiques. Sans ces dernières, les connaissances générales ne trouvent pas nécessairement de terrains d’application.

Dans le cadre de la recherche de Recht et Leslie, les bons lecteurs sont certainement des sujets qui ont développé des connaissances générales en lecture ; leurs résultats scolaires confirment cette conclusion. Ce n’est toutefois pas le cas des sujets qui sont déclarés mauvais lecteurs par leur enseignant dans le domaine de la langue maternelle. Leurs connaissances générales en lecture sont restreintes. Les résultats obtenus dans cette recherche, pour ce qui est des mesures de compréhension, dévoilent en conséquence que les connaissances générales sont utiles et importantes pour comprendre un texte mais qu’elles doivent être étroitement associées à des connaissances spécifiques. En effet, de tous les groupes, les bons lecteurs qui connaissent le baseball ont la meilleure performance alors que les mauvais lecteurs qui connaissent le baseball obtiennent une performance supérieure à celle des bons lecteurs qui ne connaissent pas le baseball. De tels résultats indiquent le rôle fondamental des connaissances spécifiques dans le processus de compréhension, les connaissances générales étant également importantes. Ce dernier aspect est mis en valeur par le fait que les bons lecteurs qui ne connaissent pas le baseball ont une performance supérieure à celle des mauvais lecteurs qui ne connaissent pas le baseball.

Des résultats de cette recherche, on peut donc conclure que les connaissances générales en lecture qu’ont développées les bons lecteurs sont des connaissances utiles et importantes mais qu’elles ne peuvent leur permettre de comprendre un texte pour lequel ils n’ont pas de connaissances spécifiques. Ce n’est pas exclusivement parce qu’un élève a des connaissances générales en lecture (c’est le cas des bons lecteurs) qu’il peut comprendre n’importe quel texte. Dans toutes les matières scolaires, c’est le même phénomène qui se produit selon la psychologie cognitive. On peut facilement imaginer les nombreuses conséquences de cette conclusion sur les méthodes d’évaluation en usage dans les écoles.

* * *

D’après Jacques TARDIF, Pour un enseignement stratégique, Montréal, Les éditions Logiques inc., 1997, p. 55-57.

Télécharger l'article au format PDF

UN TEXTE DE