Un programme, une langue
Mon projet repose sur l’idée qu’à un domaine précis des études et du travail correspond un usage particulier de la langue. Il ne s’agit pas tant de faire une description rigoureusement linguistique de tel ou tel domaine que de définir, de façon pragmatique, une pratique de la langue reliée à un champ d’études ou à un emploi déterminé. D’une part, une telle pratique implique évidemment l’usage d’une langue de spécialité. Cependant, en plus des lexiques spécialisés auxquels on est aussitôt amené à penser, on pourra déterminer des expressions, des formules, des structures syntaxiques types, ainsi que des productions textuelles spécifiques. D’autre part, on observe que les ressources de la langue commune sont mobilisées de façon particulière dans des domaines d’activité précis. Évoquons, entre autres, l’utilisation du vocabulaire de base (certains mots prennent de nouveaux sens), les variations de niveaux de langue (usage familier, jargon relié à un domaine particulier), la question des anglicismes (qui est plus ou moins aiguë selon l’influence de la langue anglaise dans le domaine visé), les particularités typographiques et méthodologiques, et enfin, les principales règles de grammaire mises en jeu dans l’usage décrit.
Ces considérations entraînent la possibilité de concevoir un outil linguistique qui soit adapté aux besoins d’expression et de rédaction d’un programme particulier de l’enseignement collégial ainsi que des milieux de travail qui lui sont reliés. Prenons comme exemple le document en préparation. D’abord destiné aux élèves des programmes de techniques de diététique et autres programmes apparentés, Mon vocabulaire de l’alimentation est un outil de rédaction qui a pour objectif l’amélioration du français dans ces programmes particuliers.
D’abord, on y liste, selon l’ordre alphabétique, quelques milliers d’entrées relevant des lexiques des aliments, des mets et de l’équipement de cuisine. Chaque entrée comporte, selon les besoins, des indications pertinentes sur l’orthographe du mot et des expressions dérivées, sur les formes grammaticales (genre, nombre, conjugaison), sur la prononciation, ainsi que des distinctions sémantiques et des précisions sur l’usage (niveau de langue, contexte d’utilisation).
Ensuite, des tableaux, insérés dans l’ordre alphabétique, proposent des regroupements lexicaux permettant de trouver tel mot ou telle expression par le biais de la recherche thématique (par exemple, les jus, les sauces, la terminologie des verres ou des ustensiles, les cuisines asiatiques, etc.). S’ajoutent aussi des tableaux portant sur des notions grammaticales ou méthodologiques reliées aux nécessités d’utilisation de la langue dans le domaine visé (par exemple, le nombre du complément du nom, l’usage de la majuscule et la rédaction de menu). De nombreux renvois permettent de naviguer à l’intérieur du document, d’une entrée à l’autre, d’un tableau à l’autre, entre les tableaux et les entrées du vocabulaire. Des commentaires pertinents sont insérés ainsi que des indications bibliographiques.
Il est évident qu’un tel outil ne répond pas à l’ensemble des besoins d’expression et de rédaction reliés au programme des techniques de diététique – par exemple, la rédaction de rapports en général et en particulier (rapports de laboratoire, rapports d’activités, etc.), la rédaction de travaux scolaires et divers aspects de la communication orale, qui pourraient faire l’objet d’autres documents.
Par ailleurs, des consultations préliminaires ont été menées en vue de la production de documents reliés à d’autres programmes. Chaque outil prendra vraisemblablement une forme particulière et la formule retenue d’un vocabulaire avec tableaux insérés ne sera pas nécessairement généralisée. Cependant, la voie est maintenant ouverte à la production d’autres outils linguistiques propres à des programmes.
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