Qu’est-ce que les élèves peuvent faire de leurs erreurs en français écrit? Les recycler en grammaire personnelle!
Le professeur qui se donne la peine de corriger à l’aide d’une grille doit rentabiliser ce long travail en montrant à ses élèves comment utiliser leurs erreurs pour réviser leur grammaire. Cet exercice, que nous appelons ici « traitement des erreurs », est d’autant plus pertinent qu’un scripteur reproduit ordinairement les mêmes erreurs d’un texte à un autre. Pour faire ce travail, le professeur et ses élèves auront besoin du matériel suivant, tiré ou adapté du Mentor [1] :
- un texte de démonstration ;
- une grille de correction;
- un ouvrage de référence ;
- un ou plusieurs modèles de traitement d’erreurs.
Première étape : la correction des textes
Il faut demander aux élèves de corriger un texte de démonstration, par exemple Le français écrit et moi [2], qui présente des erreurs typiques d’une langue faible. Les élèves voient ainsi jusqu’où ils sont capables d’effectuer une correction serrée d’un texte. Le professeur corrige ensuite ce texte devant la classe, phrase par phrase, en expliquant la manière dont il en fait la lecture grammaticale et en indiquant les symboles qu’il utilise. Cet exercice permet en même temps aux élèves de comprendre les corrections qu’ils retrouveront dans leur propre texte. Le professeur demande aux élèves de reporter chaque erreur du texte Le français écrit et moi sur la grille de correction de manière à indiquer le nombre d’erreurs commises dans ce code puis de calculer la fréquence des erreurs (le nombre de mots divisé par le nombre d’erreurs). Cette étape franchie, le professeur pose un diagnostic basé sur le nombre, la répartition et la concentration des erreurs dans le texte de démonstration. Les élèves notent leurs propres erreurs de la même manière sur la grille de correction. Ils disposent ainsi d’un instrument qui suivra leur évolution d’un texte à un autre en consignant l’élimination progressive — ou la persistance — de leurs erreurs.
Symboles utilisés pour la correction du texte
Le code alphanumérique de correction est inscrit au-dessus de l’erreur.
__ | Le soulignement signale une erreur dans un mot. | / | La barre oblique signale l’absence ou l’emploi abusif d’une virgule. |
Le cercle signale l’absence ou l’emploi abusif d’une marque de fin d’une phrase (signe de ponctuation ou conjonction de coordination). | Les équerres encadrent un groupe de mots formant une unité à traiter comme telle. | ||
( ) | Les parenthèses encadrent une autre correction possible. |
Texte de démonstration
Deuxième étape : le traitement des erreurs personnelles
L’enseignante ou l’enseignant peut maintenant expliquer comment faire le traitement des erreurs en se servant des erreurs du texte Le français écrit et moi comme exemples[3]. Il doit d’abord déterminer les erreurs à traiter et la manière dont elles seront traitées.
Quelles erreurs faut-il traiter ?
Chaque élève traitera ses erreurs « prioritaires », celles qui sont concentrées autour de certains codes en syntaxe, ponctuation, groupe du nom et groupe du verbe. Dans notre texte de démonstration, les erreurs de type P 2 (suivies de S 4 et de S 1) sont prioritaires puisqu’elles sont les plus nombreuses dans un code donné.
Comment les traiter ?
Quatre opérations devront être exécutées pour traiter les erreurs d’une manière à la fois efficace et scientifique :
- le relevé de l’erreur ;
- la correction ;
- l’explication – la règle de grammaire – de la correction, parfois son analyse ;
- le renvoi à l’ouvrage de référence.
Malgré le penchant des élèves pour « traiter » toutes les erreurs en même temps – il arrive fréquemment que plusieurs types d’erreurs se retrouvent dans la même phrase – il vaut mieux exiger qu’ils ne traitent qu’un seul type d’erreur à la fois. Ainsi, dans le dossier P 2 (voir plus bas), ils ne conserveront que les erreurs de type P 2 dans leur relevé, corrigeant les autres erreurs que la phrase pourrait comporter. Ces autres erreurs seront traitées à leur tour plus tard. Le professeur expliquera comment consulter l’ouvrage de référence qu’il aura choisi et étudiera avec ses élèves les règles relatives à l’utilisation de la virgule.
Troisième étape : l’évaluation du processus
Le traitement de leurs erreurs personnelles permet aux élèves de maîtriser progressivement leur grammaire. Si le professeur ne peut pas consacrer beaucoup de temps à la correction de cet exercice, il faudrait que son évaluation, globale, se base d’abord sur l’amélioration de la fréquence des erreurs. Elle pourra aussi tenir compte de critères comme le nombre d’erreurs relevées, la justesse des relevés et des corrections, la pertinence des explications grammaticales, le nombre de dossiers traités, l’ordre et la propreté du document. Voyons maintenant trois modèles de traitements d’erreurs qui pourront être distribués en classe. Ces dossiers sont présentés en suivant l’ordre de la grille de correction : S 1 (structure de base de la phrase), S 4 (juxtaposition, coordination, énumération) et P 2 (virgule).
Le dossier S 1 comprend deux erreurs.
| Dossier S 1 – Structure de base de la phrase
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Le dossier S 4 comprend trois erreurs.
| Dossier S 4 – Juxtaposition, coordination, énumération
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- BROUILLET, Claire et Damien GAGNON. Le Mentor : un guide d’autocorrection de la langue écrite, Laval, Beauchemin, 1995, 200 p. [Retour]
- Idem, p. 6. [Retour]
- On retrouvera l’essentiel de la démarche exposée ici dans Le Mentor (p. 172) ; elle est simplifiée pour être utilisable dans une classe régulière de français. [Retour]
- L’utilisation de la couleur permet à l’élève de mieux fixer son attention, et au professeur de repérer l’erreur et la correction plus rapidement. [Retour]
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