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C’est la faute à l’Académie…?

C’est la faute à l’Académie…?

Capsule linguistique


La difficulté d’écrire un français sans faute est bien connue et l’on dénonce souvent les illogismes orthographiques qu’on trouve notamment dans les mots de même famille. Par exemple, pourquoi pomiculteur ne prendrait-il pas deux m comme pomme ? Et pourquoi consonantique ne s’écrirait-il pas avec deux n comme consonne, dont il est le dérivé ?

De telles dissonances ont pour effet d’alimenter les récriminations. Et le bouc émissaire, en pareil cas, est tout trouvé : l’Académie française, dont l’esprit conservateur est renommé.

Pourtant, il arrive que Messieurs les Académiciens soient tout disposés à entreprendre les réformes nécessaires ; ce sont les usagers eux-mêmes qui jouent alors les résistants. Témoin cet extrait du procès-verbal d’une séance tenue par l’Académie française le 12 mars 1987 :

Sur la proposition de Monsieur le Directeur, l’Académie étudie à nouveau les « modifications orthographiques » qu’elle avait adoptées en 1975. Constatant que la nouvelle orthographe n’était pas entrée dans l’usage [c’est nous qui soulignons], l’Académie décide :

  • De rejeter la normalisation des formes concernant les mots :
    bonhommie, boursouffler, boursoufflure, chausse-trappe, combattif, combattivité, cahutte, charriot, embattre, imbécilité, innommé, persiffler, persifflage, persiffleur, prud’hommie, sottie, ventail.

    La seule orthographe admise par l’Académie pour ces mots est l’orthographe traditionnelle suivante :
    bonhomie, boursoufler, boursouflure, chausse-trape, combatif, combativité, cahute, chariot, embatre, imbécillité, innomé, persifler, persiflage, persifleur, prud’homie, sotie, vantail.

  • D’adopter la forme déciller à côté de l’orthographe traditionnelle dessiller.
  • De garder les deux formes du pluriel d’appât : appâts et appas, ce dernier désignant les attraits et les charmes du corps féminin.
  • De ne pas supprimer le s des mots fonds et tréfonds.
  • De ne pas supprimer le s du mot relais.
  • De ne pas unifier les formes cuisseau et cuissot : la première désigne une pièce de boucherie, la seconde, une pièce de vénerie.
  • De ne pas adopter levreau pour désigner un jeune lièvre mais de garder l’orthographe traditionnelle levraut.
  • De ne pas supprimer le i des mots oignon et encoignure.
  • De rejeter la normalisation de la conjugaison des verbes en -eler et -eter. L’Académie décide de ne rien changer à l’orthographe traditionnelle de ces verbes qui se conjuguent, les uns en redoublant la consonne l ou t (comme je chancelle ou je jette), les autres en accentuant la lettre e (comme je pèle, je furète).

Plus que jamais on peut le proclamer : C’est l’usage qui crée la norme !

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