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RUSAF et intercaf: des regards croisés sur le tutorat à l’université et au collégial

RUSAF et intercaf: des regards croisés sur le tutorat à l’université et au collégial

Le réseau universitaire des services d’aide en français, le RUSAF, continue d’entretenir la collaboration, entamée en 2008[1], avec le CCDMD et les centres d’aide en français (CAF) collégiaux. Ainsi, lors de la troisième édition du colloque RUSAF, à l’UQAM le 16 novembre dernier, plusieurs responsables de CAF ont répondu à l’invitation lancée dans le numéro d’octobre 2012 de Correspondance. Le colloque portait sur le tutorat à l’université, à l’instar du prochain Intercaf, où l’on s’interrogera aussi sur cette formule pédagogique fort exploitée dans nos centres d’aide.

En matinée de cette journée de réflexion, nous avons eu le plaisir d’entendre Christiane Blaser, didacticienne du français, chercheuse et professeure au Département de pédagogie de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, et Roselyne Lampron, étudiante à la maîtrise en éducation à cette même université. Elles ont présenté une synthèse des pratiques d’enseignement des compétences langagières aux États-Unis, en Europe et au Canada (synthèse ayant fait l’objet d’un article dans un précédent numéro de Correspondance[2]) et ont proposé des pistes de réflexion pour les établissements d’enseignement postsecondaire québécois.

Ensuite, par visioconférence, Alain Baudrit, professeur-chercheur à l’Université Victor Segalen – Bordeaux 2, nous a présenté les acteurs, les formes et les possibles orientations du tutorat universitaire. Spécialiste de la psychologie sociale des apprentissages, M. Baudrit a déjà signé plusieurs ouvrages incontournables sur le tutorat, dont Mentorat et tutorat dans la formation des enseignants (2011), Le tutorat : une solution pour les élèves à risque? (2010)[3] et Le tutorat – Richesses d’une méthode pédagogique (2007), tous publiés chez De Boeck.

La matinée s’est terminée avec une présentation de François Lépine[4], coordonnateur, à l’Université Laval, du Centre de développement des compétences langagières de la Faculté des sciences de l’éducation. M. Lépine a traité de la démarche tutorale et du développement des habiletés de révision. Ses propos ont rejoint ceux de Sylvie Marcotte (étudiante à la maîtrise en linguistique à l’UQAM) et d’Isabelle Gauvin (professeure-chercheuse au Département de didactique des langues de l’UQAM), dont l’exposé[5], en début d’après-midi, portait sur les raisonnements grammaticaux dans le tutorat. Par des exemples concrets, ces conférenciers ont illustré à quel point il est important de faire verbaliser les tutorés sur leurs raisonnements. Le tuteur peut ainsi avoir accès aux connaissances déjà construites de l’étudiante ou l’étudiant et s’en servir pour la planification de son intervention didactique.

Pour clore l’après-midi, une table ronde regroupait les intervenants de première ligne en matière de développement et de mise en place de mesures d’aide en français dans leur établissement universitaire respectif. Nathalie Landreville (UQAR) et moi-même, ainsi que Patrick Hamel (UQTR) et Michel Séguin (Université de Montréal), avons été invités à présenter les conditions de travail essentielles des tuteurs dans leur établissement universitaire. Tous s’entendaient sur l’importance d’une reconnaissance institutionnelle de ce service en vue d’assurer sa viabilité et sa pérennité.

Enfin, Denis Simard, professeur et vice-doyen aux études de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, avait accepté le défi de réaliser, en direct, une synthèse des présentations de la journée. Pari réussi : M. Simard a su retirer de chaque intervention une étonnante réflexion qui a encouragé les participants à poursuivre des recherches dans le domaine du tutorat par les pairs, recherches et réflexions à peine amorcées, comme nous avons pu le constater, mais si riches de possibles. Il a souligné par ailleurs que le tutorat n’est pas le seul objet de recherche qui intéresse autant le RUSAF que les CAF. Le soutien en français langue seconde, l’utilisation des TIC, le développement de matériel didactique propre au centre d’aide en français comptent également parmi nos préoccupations communes.

Les CAF et le RUSAF travaillent à la même cause : offrir les meilleures solutions de croissance et de consolidation de ce type de services aux membres de nos réseaux respectifs. Le tutorat par les pairs constitue une porte d’entrée. Pour la suite, j’aimerais lancer un appel aux CAF collégiaux qui seraient intéressés par la création d’un lieu d’échanges. Une mise en commun des recherches, des pratiques et des actions ciblées serait-elle envisageable? En plus de renforcer la crédibilité du tutorat dans le domaine de l’éducation, le prochain Intercaf ajoutera certainement à cette journée RUSAF d’autres éléments fondamentaux nous permettant d’étudier cette avenue. Soyez assurés que nous transmettrons l’invitation aux membres du RUSAF.

* * *

  1. Sur les origines de la collaboration entre le RUSAF et le réseau collégial des centres d’aide en français, voir ces deux articles dans
    Correspondance : N. BEAUDRY (avec la collaboration de L. CAMERLAIN et de C. BÉGIN), « Le RUSAF s’affiche », vol. 13, no 1 (sept. 2007); N. BEAUDRY, « Un événement interordre inédit Intercaf-RUSAF : promesse d’une collaboration fructueuse », vol. 13, no 3 (févr. 2008). [Retour]
  2. « La maitrise des compétences langagières dans la formation postsecondaire : regard sur les pratiques étatsuniennes », vol. 18, no 1 (oct. 2012). [Retour]
  3. Voir la recension de cet ouvrage par Julie ROBERGE (cégep Marie-Victorin) dans Correspondance, vol. 17, no 2. [Retour]
  4. Voir dans le présent numéro, l’article de François Lépine intitulé « « Qu’en pense Sophie? » Démarche tutorale et développement des habiletés de révision ». [Retour]
  5. Cette conférence a été préparée par Sylvie Marcotte, Isabelle Gauvin et Karine Villeneuve
    (étudiante au baccalauréat en enseignement secondaire à l’UQAM). [Retour]

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