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Capsules étymologiques

Capsules étymologiques

Ces illustres inconnus…

Le capitaine Boycott, un gérant de propriétés irlandais, fut mis en interdit par ses employés en 1880, d’où la naissance de « boycotter » et de « boycottage ». Eugène Poubelle, préfet de la Seine, donna quant à lui son nom à la boîte à ordures dont il imposa l’usage en 1884. En Angleterre, le comte de Sandwich laissa son nom au mets qu’avait inventé pour lui son cuisinier et qui lui permettait de demeurer plus longtemps à sa table de jeu. Enfin, le grand cuisinier français Auguste Escoffier nomma le dessert qu’il avait créé « pêche Melba » (avec une majuscule) en l’honneur de la cantatrice australienne Nellie Melba, qui en raffolait. La liste de ces illustres inconnus est imposante : en font aussi partie, entre autres, Étienne de Silhouette, Ambrogio dei Conti di Caleppio, dit Calepino (« calepin »), Jean Nicot (« nicotine »).

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Potin, potiner… potine ?

Ne cherchez pas le mot « potine » dans votre Petit Robert, il ne s’y trouve pas. Il désignait, au milieu du XVIIe siècle, une chaufferette que les femmes apportaient lorsqu’elles se réunissaient pour discuter. « Potin » et « potiner » ont suivi, avec la connotation que l’on connaît.

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Si tu continues à m’achaler, je vais m’enfarger et maganer mon pantalon !

Plusieurs des mots que nous utilisons à tort à l’oral sont des archaïsmes, issus de l’ancien français, et non des inventions québécoises comme certains élèves le croient. À observer d’où ils proviennent, on remarque que le sens que nous leur donnons aujourd’hui n’est pas bien éloigné de celui qu’ils avaient autrefois. Ainsi « achaler » (de l’ancien français « achabler », une forme de « accabler ») a existé tel quel dans quelques anciens parlers du Poitou. Il vient du mot calor, « chaleur », et signifiait faire suer. N’est-ce pas ce que l’on fait, métaphoriquement bien sûr, lorsqu’on agace ou importune quelqu’un ?

Il en est de même pour « enfarger », qui serait une des formes prises par le verbe « enfergier » qui, lui, signifiait charger de fers. On peut penser que les animaux, peu habitués aux fers, s’empêtraient ou trébuchaient lorsqu’ils tentaient de faire leurs premiers pas. Enfin, « maganer » viendrait d’un mot d’ancien français d’origine germanique, « mahaignier », qui se prononçait à peu près comme « maganer » et qui pendant 400 ans a signifié blesser, mutiler, maltraiter. Cet archaïsme doit évidemment être remplacé par abîmer ou détériorer lorsqu’il a comme complément un nom de chose.

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