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Mission: possible au service des élèves de Mise à niveau

Mission: possible au service des élèves de Mise à niveau

Votre mission, si toutefois vous l’acceptez…

Le manuel Mission : possible, publié tout récemment chez Beauchemin, apparait comme un ouvrage très différent de ceux qui sont généralement destinés aux élèves de Mise à niveau et, d’une manière plus générale, aux élèves du collégial. C’est que les classes de Mise à niveau ne sont pas comme les autres ! La métaphore de l’espionnage et de l’enquête présidant à l’ensemble de l’ouvrage frappe d’emblée ; l’approche pédagogique qui préconise l’autocorrection et un cheminement individualisé, de même que l’application des rectifications orthographiques, peut également susciter des discussions. Voici donc les raisons qui justifient ces choix.


D’entrée de jeu, le titre annonce clairement la métaphore de l’espionnage et de l’enquête. Le choix de ce thème, omniprésent dans l’intitulé des chapitres, dans les exemples illustrant les notions à l’étude et dans le ton général, est principalement une stratégie visant à capter l’attention des élèves. Nous avons pensé, en effet, qu’un cadre divertissant aurait pour effet d’atténuer le caractère rébarbatif que peut revêtir à leurs yeux le contenu gramma tical. Ajoutons que cette thématique est susceptible de présenter un attrait particulier pour les garçons, qui sont fortement représentés dans les classes de Mise à niveau. Cependant, bien que l’espionnage colore tout le manuel et que sa présence soit parfois manifeste (notamment dans certains titres comme « Le plan tactique »), le thème n’encourage aucun compromis sur le contenu disciplinaire. Ainsi, l’anthologie de textes proposée au chapitre 004 s’écarte de la thématique au profit de la variété littéraire. En définitive, la métaphore a pour objectif de stimuler la curiosité des élèves, de susciter le plaisir de lire et d’illustrer agréablement le défi de l’écriture.

On remarquera que Mission : possible adopte les rectifications orthographiques de 1990. La publication d’un nouveau manuel de Mise à niveau est apparue en effet comme une excellente occasion d’appliquer – et d’expérimenter, en quelque sorte – cette réforme dont on parle depuis plus de quinze ans. De vives discussions motivées par la peur de l’inconnu ont précédé ce choix : « L’application des rectifications orthographiques nuira-t-elle aux élèves qui éprouvent déjà d’importantes difficultés en orthographe d’usage ? », « Qu’enseignera-t-on à ce sujet ? », « Quelles règles doit-on privilégier ? », « Qu’en connaissent les professeurs et les élèves ? », etc. Il est apparu en fin de compte que le fait d’officialiser l’utilisation des nouvelles graphies dans ce manuel de Mise à niveau serait utile aux élèves, puisqu’ils pourraient ainsi connaitre l’existence de la réforme et constater l’étendue relativement restreinte des changements apportés. Il est apparu également qu’ils gagneraient à comprendre la position du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, qui recommande d’accepter les graphies rectifiée et traditionnelle dans la correction. Quant à ce qui sera enseigné en classe, nous laissons ce choix à l’entière discrétion des professeurs. L’idée était surtout de stimuler le débat sur la langue elle-même – y participe le reportage de Mathieu-Robert Sauvé, « Le français frisote[1] », présenté aux élèves – et d’offrir un outil aux professeurs qui désirent tenter l’application de la réforme.

Le thème de l’espionnage et l’emploi des rectifications orthographiques sont des caractéristiques pour ainsi dire esthétiques de Mission : possible. Plus fondamentale est l’approche pédagogique à l’origine de sa conception. En effet, le manuel vise l’élaboration de stratégies d’autocorrection selon une démarche inspirée de la méthode développée par Clémence Préfontaine et Gilles Fortier[2] pour les classes du secondaire. Cette méthode se distingue des approches plus magistrales de deux façons : l’élève se consacre aux aspects linguistiques qui lui occasionnent le plus d’erreurs, et il est responsable de ses progrès quant à ses compétences en lecture et en écriture. Il en résulte que les élèves d’un groupe donné ne suivent pas nécessairement le même cursus, puisque chacun se voit confier une série de « missions » qui ont pour but la révision de notions linguistiques ciblées et l’autocorrection des erreurs dans les productions écrites. Pour cette raison, Mission : possible ne se consulte pas de manière linéaire. Chaque section contient une série d’outils du même type qu’il faut utiliser pour accomplir une mission : le chapitre 001 regroupe le matériel qui permet de repérer les notions problématiques et de préparer chacune des « missions » ; le chapitre 002 est consacré aux outils de révision linguistique (dictionnaire, grammaire, précis de conjugaison et matériel électronique), avec pour objectif de favoriser l’autonomie ; le chapitre 003 regroupe les notions nécessaires à la réussite de chacune des « missions » et renvoie les élèves à des exercices en ligne ; le chapitre 004, comme une anthologie, réunit les extraits qui serviront de points de départ aux différentes situations d’écriture ; enfin, le chapitre 005 est un guide méthodologique. On constatera que le manuel doit être utilisé avec l’aide d’un professeur qui aura organisé une séquence pédagogique précise en fonction de ses propres critères.

Mission : possible s’adresse principalement aux professeurs de Mise à niveau qui cherchent une solution de rechange au cours magistral. La facture de ce manuel ainsi que la méthode pédagogique qu’il privilégie modifient l’approche de l’enseignement de la grammaire et favorisent l’acquisition d’une méthode de travail. L’ouvrage est conçu pour permettre aux élèves de réussir leur cours collégial grâce à des apprentissages durables fondés sur l’autonomie et la confiance en soi. Mission : possible fait en sorte que les compétences qu’ils acquièrent ne s’autodétruisent pas en dix secondes…

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  1. Parmi les textes proposés dans le chapitre 004 de Mission : possible, le reportage de Mathieu-Robert Sauvé, publié dans L’Actualité du 15 octobre 2007, aborde directement la question de l’enseignement de l’orthographe recommandée. Retour
  2. À ce sujet, vous pouvez consulter un article publié l’an dernier : Renaud Bellemare, « Le cours de Mise à niveau sans enseignement magistral de la grammaire : Le succès de la méthode de Préfontaine et Fortier », dans Correspondance, volume 13, numéro 1, septembre 2007. Retour

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