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Application pratique: la correction en direct

Application pratique: la correction en direct

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a correction en direct – qui pourrait aussi porter le nom de « méthode par transparents » – est une activité que j’utilise régulièrement dans tous les cours de français. Cette méthode a le grand avantage de réduire la charge de correction rapportée à la maison tout en permettant une rétroaction dynamique et immédiate auprès des élèves. Bien sûr, je ne me présente pas comme l’inventrice d’une telle pratique, qui a cours partout dans nos collèges et qui connaît de multiples variantes. Mon but est plutôt de rappeler aux uns et de présenter aux autres un outil qui, pour sa simplicité et sa polyvalence, mérite qu’on s’y attarde dans ce numéro consacré à la correction.

Principe et règles du jeu

Le principe est simple : il s’agit de corriger en direct, devant le groupe, une production rédigée en classe par les élèves et retranscrite sur transparent. Quelques points doivent être respectés afin de s’assurer du bon déroulement de l’activité :

  1. La production à évaluer doit tenir sur un seul transparent ;
  2. Le travail doit avoir été fait en équipe, de sorte que la rétroaction soit moins gênante puisqu’elle concerne l’ensemble de l’équipe et non un seul individu ;
  3. Il doit y avoir un petit nombre d’équipes dans la classe – après divers essais, six me semble le nombre idéal –, car la correction en direct ne doit pas être trop longue si l’on veut maintenir l’attention des élèves ;
  4. Les critères de correction doivent eux aussi être en nombre limité et clairement formulés ;
  5. Il est très important d’établir un climat de respect dans lequel les erreurs deviennent une source d’apprentissage.

Matériel

Le matériel sur lequel repose cette méthode est le système du rétroprojecteur avec écran. Il faut aussi prévoir des transparents en nombre suffisant et un nombre équivalent de crayons à transparent, dont l’encre a la propriété de s’effacer au contact de l’eau. Enfin, un crayon à transparent rouge, pour la correction, complète le matériel.

Avantages

Le premier avantage de cette méthode est sûrement de réduire la charge de correction. Toutefois, il ne s’agit pas là du plus important. Un deuxième atout est qu’elle permet de rappeler les critères de la correction et de démontrer le processus d’évaluation. Une mise au point qui revient systématiquement sur certains éléments dans chacune des copies et qui leur attribue une valeur, donne à l’élève le moyen de s’approprier la grille de correction, qui peut de prime abord lui paraître abstraite. De surcroît, cette rétroaction est une excellente occasion de révision avant l’évaluation sommative. Un autre avantage de cette méthode est qu’elle permet aux élèves de voir plusieurs modèles de résultats obtenus pour une même tâche. La comparaison des versions fournit aux élèves une banque d’exemples variés dans laquelle ils pourront ensuite piger, au besoin. En outre, cette activité permet de repérer rapidement les erreurs les plus fréquentes et de les corriger immédiatement. On peut également introduire de nouvelles informations tout au long de l’exercice. Ainsi, que ce soit pour corriger un élément ou pour pousser plus avant la réflexion commencée par une équipe, la correction en direct fournit l’occasion de compléter la théorie. Finalement, l’enseignant a la liberté de faire participer les élèves au processus de correction : il peut trouver un élément manquant au moyen d’un appel à tous ou demander au groupe de justifier l’attribution d’une note. L’imagination est alors la seule limite.

Exemple d’application no 1 : le plan de rédaction

Mon utilisation préférée de la correction en direct se fait dans le cadre de l’apprentissage des plans de rédaction. Ma démarche, qui se divise en huit étapes et s’échelonne sur deux cours, vise à mesurer la capacité à structurer efficacement un texte.

ÉTAPE 1
Au début de la première séance, je procède à une présentation théorique du plan et je formule les critères d’évaluation, avec un exemple à l’appui, s’il y a lieu.

ÉTAPE 2
Le reste de la période est consacré à un atelier d’analyse dont l’objectif est de fournir la matière pour la réalisation du plan. Il faut adapter l’atelier selon le cours et le type de plan enseigné.

ÉTAPE 3
Le plan constitue le devoir à faire pour le cours suivant. Il doit être effectué de manière individuelle dans le but d’obliger chacun des élèves à intégrer la théorie et à s’investir dans son apprentissage. Ce travail constitue le billet d’entrée pour le cours suivant.

ÉTAPE 4
Au début de la seconde séance, je forme cinq à dix équipes. L’objectif est d’évaluer les plans réalisés en devoir par les membres et de produire le meilleur plan possible à partir de ces modèles.

ÉTAPE 5
Je distribue les transparents et les crayons et chaque équipe met au propre la version définitive de son plan.

Il faut prévoir environ 50 minutes pour les étapes 4 et 5.

ÉTAPE 6 (FACULTATIVE)
J’aime bien que les équipes présentent sous la forme d’un exposé et à l’aide du rétroprojecteur le résultat de leur rédaction. Toutefois, si on choisit, pour diverses raisons, que les plans corrigés restent anonymes, l’étape 6 est alors omise.

ÉTAPE 7
La correction en direct, à l’aide du rétroprojecteur et du crayon rouge, est réalisée à la suite de chacune des présentations. Il importe de revenir sur les critères d’évaluation préalablement formulés et de commenter leur application dans les plans (la présence des connecteurs logiques ou la pertinence des arguments, par exemple) et d’attribuer une valeur à la production. Celle-ci n’a pas à être une note sur 100. Les mentions « complet » et « incomplet » ou encore le système +, +/–, – conviennent parfaitement. C’est l’occasion d’employer l’humour pour dédramatiser certains cas ; c’est également le moment de souligner les bons coups. L’étape 7 ne devrait pas prendre plus de 25 minutes si l’on souhaite conserver l’attention du groupe.

ÉTAPE 8
Un retour sur l’activité permet enfin de revenir sur la théorie présentée à l’étape 1 et de la compléter au besoin.

Exemple d’application no 2 : le résumé de texte

Une seconde utilisation de la correction en direct s’applique au résumé de texte, reconnu pour générer une quantité monstre de copies à réviser. Il est à noter que, pour tenir facilement sur un seul transparent, le résumé devrait compter tout au plus une centaine de mots.

ÉTAPE 1
Je procède à un rappel de la théorie et des critères d’évaluation.

ÉTAPE 2
Je forme les équipes (entre cinq et dix) et remets un même texte à résumer à chacune. Idéalement, ce texte aura été fourni au cours précédent et lu en devoir.

ÉTAPE 3

Après 60 minutes[1] de travail, je distribue transparents et crayons, et chaque équipe met au propre la version définitive de son résumé.

ÉTAPE 4
La correction en direct des résumés est faite par l’enseignant, qui revient sur les critères préalablement formulés. Tout au long de la correction, il est important d’ajouter des précisions concernant notamment la cohérence textuelle et la justesse du vocabulaire.

ÉTAPE 5
Un retour sur l’activité permet de faire le point sur la théorie et de préciser, au besoin, des éléments de la grille de correction qui n’ont pas été parfaitement compris.

Dernier tour de piste

La « méthode par transparents » est une formule pédagogique à envisager pour plusieurs situations d’apprentissage. En plus de rendre concrète l’étape de la correction pour les élèves, elle offre des avantages nombreux et incontestables. Bien évidemment, elle exige beaucoup de la part de l’enseignant qui travaille tel le funambule : sur la corde raide, sans filet sous les pieds et devant spectateurs. Mais, introduite dans une démarche cohérente, elle permet d’éliminer la pile de travaux qui encombrent le coin du bureau tout en constituant une étape logique du processus d’apprentissage.

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  1. Il faut bien sûr ajuster ce délai en fonction de la complexité du texte à résumer et du degré de pratique du groupe. Retour

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