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Cinq pistes pour favoriser le développement des compétences à l’écrit

Cinq pistes pour favoriser le développement des compétences à l’écrit

Il y a trois ans, Dominique Fortier joignait l’équipe de l’Amélioration du français au CCDMD et devenait responsable de Correspondance. Depuis, le bulletin a embelli, s’est enrichi de nouvelles chroniques, a pris de la substance. Consolidant les liens avec l’ordre universitaire et la francophonie tout en traitant de sujets chauds au collégial, Dominique a assuré une direction rigoureuse et originale qui fera date. Dans les trois volumes édités par ses soins, l’enseignement du français langue seconde (FLS) et la valorisation de l’écrit dans toutes les disciplines ont occupé une place privilégiée. Le présent numéro, qu’elle a planifié avant de se consacrer à temps plein au développement des ressources au CCDMD, conserve cette double orientation, qui s’articule ici en cinq thèmes. C’est un honneur pour moi de prendre de nouveau le relais à la direction du bulletin et je félicite Dominique, en notre nom à tous, pour son remarquable travail.

APPRENDRE À ÉCRIRE EN ÉCRIVANT Il est de plus en plus admis que les connaissances grammaticales prennent leur sens lorsqu’elles sont mises en relation avec des situations d’écriture rencontrées à l’école et toute la vie durant. Pourtant, au Québec, la grammaire est couramment enseignée en marge de la rédaction de textes; c’est le constat auquel est arrivée Suzanne-G. Chartrand (Université Laval) au terme de la recherche ÉLEF (État des lieux de l’enseignement du français), qu’elle a dirigée de 2008 à 2011. Un premier article résume les faits saillants de cette étude. Suivront, dans un second article à paraitre en janvier, la suggestion de pistes pour un enseignement de la révision-correction de textes favorisant l’intégration des savoirs grammaticaux.

L’apprentissage de l’écriture se poursuit au cégep et même après; pour bien écrire des genres de textes, il faut en connaitre les conventions : ces principes, familiers aux lecteurs de Correspondance, sont de retour dans le présent numéro. Ainsi, Roselyne Lampron et Christiane Blaser (Université de Sherbrooke) font état de deux approches visant le développement des habiletés rédactionnelles au-delà du cours secondaire. Il s’agit des mouvements Writing Across the Curriculum, qui encourage les élèves à reformuler systématiquement, pour leur profit personnel, les concepts à l’étude dans tous leurs cours, et Writing In the Disciplines, au sein duquel on enseigne explicitement les caractéristiques des genres textuels en usage dans le cursus. Dans sa chronique, Julie Roberge (cégep Marie-Victorin) a pour sa part choisi de recenser un ouvrage sur la notion de genre et ses applications en didactique, apportant ainsi un complément au panorama dressé par nos collègues de Sherbrooke.

UN PLAN, PAS UNE RECETTE Les pros de l’écrit l’avouent parfois, à bonne distance des oreilles chastes : s’ils rédigent d’abord des plans, c’est pour mieux s’en éloigner. À quoi bon alors encourager les élèves à suivre fidèlement des plans détaillés, comme c’est souvent l’usage au collégial? En fait, la planification textuelle est un processus qui évolue du primaire à l’université et même après, de sorte que les stratégies qui la sous-tendent diffèrent selon les niveaux de compétence et les situations de communication. Dans le premier de quatre articles sur le processus d’écriture, Hélène Paradis (collège Saint-Charles-Garnier) décrit les stratégies propres aux débutants et aux experts, et explique pourquoi le plan ne peut pas être enseigné comme une recette unique.

CORRIGER, OUI MAIS… On s’attend légitimement à ce qu’une évaluation certificative comme l’Épreuve uniforme de français sanctionne toutes les erreurs linguistiques; mais lorsque l’objectif est de stimuler l’apprentissage au cours de la formation, une correction sélective est une avenue à considérer. C’est le cas notamment dans les cours de langue seconde, puisque les apprenants ne sont pas en mesure de traiter toute l’information contenue dans une correction exhaustive. Adoptant ce point de vue, Danielle Guénette et Gladys Jean (UQAM) remettent en question l’utilisation d’une grille unique dans les classes de FLS et proposent des critères afin de déterminer les types d’erreurs que les apprenants seraient en mesure de rectifier.

Évaluer l’écrit en ciblant des éléments stratégiques, c’est également la proposition du Commando pour la valorisation du français dans la formation spécifique. Animé par Renaud Bellemare (collège Ahuntsic), ce groupe de travail pluridisciplinaire a élaboré une grille d’évaluation qui permet de porter un jugement global sur la qualité de la langue écrite en tenant compte de la clarté de la communication, du vocabulaire et des normes relatives aux écrits scientifiques. Sans passer sous silence le code orthographique et grammatical, l’approche envisagée préconise une sanction sélective des erreurs en fonction des exigences disciplinaires.

DU BON USAGE DU DICTIONNAIRE « T’as besoin d’un mot? T’appelles Robert, il l’a », nous dit Fred Pellerin dans une jolie publicité du Petit Robert 2013. Si seulement la vie était aussi simple! Comme elle ne l’est pas, les élèves – notamment en langue seconde – ont besoin d’accompagnement pour explorer les ressources du dictionnaire. Agnès Baron et Juliane Bertrand (maitres de langue à l’UQAM) suggèrent des interventions didactiques favorisant une utilisation idoine du dictionnaire monolingue dans les cours de FLS.

SOCIALISER POUR APPRENDRE Le français, dit-on, ça s’apprend « à la dure », à coups de règles et d’exceptions. Pas forcément, répliquerait Ian Murchison, du Collège Champlain de Saint-Lambert. Dans cet établissement anglophone, le Centre de ressources en français offre une formule conviviale de coaching visant à susciter l’intérêt pour la culture francophone autant qu’à apporter du soutien en français. Les élèves y travaillent en collaboration avec leurs coachs dans une atmosphère détendue. Au fil d’une entrevue menée par Philippe Gagné (cégep Vanier), M. Murchison explique comment le service a mérité la cote d’amour des élèves.

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L’occasion est belle, en ce début d’année, de souligner la fidèle collaboration de nos chroniqueurs Gaétan Saint-Pierre (Curiosités étymologiques) et Esther Poisson (Capsule linguistique). Toujours rigoureusement documentées, leurs contributions apportent un point de vue intéressant sur l’histoire de la langue et la norme linguistique, et cela, depuis plusieurs années déjà.

Grand merci à tous les deux!

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